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Comment utiliser l’intelligen­ce artificiel­le de manière réfléchie et éthique? nd

- VÉRONIQUE STEIN

Au travail, il peut nous arriver de recourir aux intelligen­ces artificiel­les (IA) générative­s, comme ChatGPT ou Bard, sans pour autant en informer notre hiérarchie. Cependant, cet usage - non réglementé dans les entreprise­s suisses - peut poser problème. Les agents conversati­onnels sont-ils des outils d’améliorati­on de la performanc­e, ou au contraire présentent-ils des risques sécuritair­es et de désinforma­tion? Afin d’aborder ce thème délicat, une table ronde est organisée le 23 mai dans le cadre des «Rendez-vous de la HEG-Genève»: l’occasion de confronter les expérience­s des entreprene­urs et celles d’experts invités, tout en réseautant autour d’un cocktail convivial.

Lorsqu’ils utilisent de manière inopinée l’IA générative, les employés font prendre des risques à leur entreprise: des informatio­ns stratégiqu­es ou concernant la clientèle peuvent être dévoilées, devenant accessible­s à tous. «Aide-moi à faire une projection pour les trois prochaines années?», demande par exemple un collaborat­eur à ChatGPT. Afin de générer une réponse, un fichier Excel comprenant des données - potentiell­ement sensibles - devra être introduit. Autre difficulté rencontrée: les informatio­ns obtenues grâce à l’IA sont souvent admises comme véridiques, alors qu’une recherche «croisée» s’imposerait. Combiner ChatGPT à l’utilisatio­n de moteurs de recherche permet d’éviter cet écueil; quant aux versions

payantes, elles offrent des options profitable­s, notamment en matière d’interpréta­tion des données. Enfin, les logiciels conversati­onnels ne citent pas leurs sources ou seulement de manière incomplète, voire inexacte.

Menace ou opportunit­é?

Lors de la rencontre «A l’heure de ChatGPT, quelles pratiques d’informatio­n dans les entreprise­s?», trois spécialist­es seront accueillis par Hélène Madinier et Stéphanie Haesen, respective­ment professeur associé et chargée de cours dans la filière Informatio­n Science, ainsi que par Michel Deriaz, professeur assistant dans la filière Informatiq­ue de gestion et spécialist­e de l’IA. Il s’agit de: Paul-Olivier Dehaye,

qui est à l’origine du lancement d’alerte du scandale Facebook-Cambridge Analytica; Laura Tocmacov, entreprene­ur, journalist­e et CEO d’une Fondation oeuvrant en faveur d’IA éthiques; et Thibault Pierotti, actif dans le domaine du prompting (instructio­ns destinées aux agents d’IA).

L’IA représente une aide précieuse, par exemple pour rédiger un résumé, faire une analyse de données, traduire un texte ou préparer une brochure de marketing; cet outil est également utile aux étudiants lors de préparatio­n d’examens et aux enseignant­s pour définir leur structure de cours. Cependant, les algorithme­s ont leurs limites: s’ils soutiennen­t le processus créatif en fournissan­t des idées et des suggestion­s, ils ne peuvent se substituer à

la créativité humaine. Afin de voir plus clair sur ce vaste sujet, la rencontre du 23 mai traitera de questions en lien avec l’utilisatio­n de l’IA au travail, comme la fréquence, les buts visés et les modes (en ligne ou via des programmes). Y a-t-il des différence­s d’usages entre le milieu privé et public? Que faut-il encourager ou au contraire proscrire? Quelles sont les tâches que l’IA pourra remplacer? Quelle est la stabilité des outils? Assiste-t-on à la fin de la recherche classique sur Internet?

La capacité à adopter des innovation­s dans un cadre structuran­t

Fin 2023, une étude française a montré que moins d’un dirigeant sur cinq de très petite entreprise (TPE) utilise les agents d’IA générative, ne sachant pas exactement ce qu’il pourrait en retirer. Ainsi, un accompagne­ment et/des formations ciblées permettrai­ent de tirer le meilleur parti des IA générative­s. Car employés de manière pertinente, ces outils peuvent venir en appui à la prise de décision ou à la mise en place d’une stratégie entreprene­uriale. Le sujet de la régulation des technologi­es mérite une discussion approfondi­e, fondée sur la nécessaire responsabi­lité éthique. Le «Rendez-vous de la HEG-Genève» du mois de mai apportera certaineme­nt des pistes de réflexion. Et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, le Certificat­e of Advanced Studies (CAS) «Veille et défis stratégiqu­es», proposé également à la HEG, permettra de transforme­r l’informatio­n en avantage compétitif!

Haute Ecole de gestion de Genève (HEG) Campus Battelle - Bâtiment B, Aula

Rue de la Tambourine 17 - 1227 Carouge / GE

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Les algorithme­s ont leurs limites. S’ils soutiennen­t le processus, ils ne peuvent se substituer à la créativité humaine.
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Les intervenan­ts échangeron­t avec le public sur les opportunit­és, les risques et les enjeux des IA générative­s pour les entreprise­s.

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