La table du f’tour ‘‘déconfine’’ les Marocains
Le Maroc a pris très tôt des mesures drastiques pour limiter la propagation du Covid-19 et éviter un scénario à l’italienne. Le Royaume, contrairement à plusieurs autre pays, n’a pas été pris de court par le nouveau coronavirus, et a ainsi réussi à organiser son système sanitaire avant d’atteindre le pic de l’épidémie, à travers le réaménagement des hôpitaux existant et l’augmentation de leur capacité, l’installation d’hôpitaux de campagne, etc. Les mesures de confinement obligatoire imposées depuis le 20 mars ont joué un grand rôle dans la lutte contre cette pandémie. D’ailleurs, les différentes expériences de plusieurs pays ont démontré que le confinement, même s’il est coûteux au niveau économique, permettait de réduire l’épidémie et de casser les chaînes de contamination, à condition qu’il soit pris au sérieux !
A peine « habitué » à l’isolement sanitaire obligatoire, le citoyen marocain s’est vite trouvé face à la tentation des ‘‘Chhiwates’’ ramadanesques. En effet, les marchés ont connu ces premiers jours du mois sacré de Ramadan un retour en force des consommateurs, habitués à une table du F’tour magnifiquement garnie et dressée.
A Casablanca ou dans les autres villes, et malgré l’état d’urgence sanitaire et l’appel incessant des autorités au confinement et au respect des mesures prises en la matière, beaucoup de citoyens se sont, d’une manière ou d’une autre, rués vers les centres commerciaux, particulièrement les marchés de fruits et légumes, les poissons, les dattes et autres produits laitiers et de boulangerie.
La riche offre du marché à même de répondre à la forte demande des consommateurs n’a pas été sans conséquence sur les mesures de confinement mises en place depuis plus d’un mois. Et du coup, des marchés situés dans certains quartiers de la capitale économique ont retrouvé leur affluence habituelle et ce, en dépit des efforts déployés par les autorités publiques qui ont eu, à nouveau, du mal à obliger les citoyens à respecter l’état de siège sanitaire.
Face à une situation pareille et par crainte qu’ils se transforment en foyers de contamination, ces espaces commerciaux et bien d’autres marchés informels ont été encerclés par les autorités publiques, dans le principal objectif de contrôler les entrants et les sortants et d’éviter la congestion. Mais la mission n’a pas été de tout repos.
A Hay Palestine à Casablanca, la journée de dimanche dernier a été mouvementée. Le marché du quartier a retrouvé son ambiance habituelle. Aussi bien chez les poissonniers du Derb, qu’auprès des vendeurs de feuilles de pastilla ou encore les vendeurs des dattes, des fruits et légumes, la foule a été au rendez-vous, faisant fi des mesures d’isolement sanitaire. De tous les âges et les sexes, les habitants de ce quartier ont bel et bien tenu à s’approvisionner à tout prix et peu importe le contexte… table du F’tour et du S’hour oblige !
Un autre phénomène s’est également accentué ces derniers jours, celui du retour des mendiants aux feux rouges, à l’entrée des GMS, devant les marchés… Ces personnes font le déplacement en taxi où en bus de quartier à quartier, se mettant en danger et risquant ainsi de contracter le virus pendant leurs trajets.
Ainsi donc et comme on le voit, ce rythme risque de se reproduire chaque jour durant ce mois sacré du jeune. Partant, le risque de propagation deviendra plus important à un moment où on s’attendait à ce que les déplacements inutiles soient limités davantage durant Ramadan, un mois censé être en principe et avant tout une occasion de ressourcement, de recueillement et de dévotion… ce qui est compatible avec le confinement !