Monaco-Matin

Selah Sue JONGLE AVEC SES MULTIPLES IDENTITÉS

La chanteuse belge était à Jazz à Juan, mardi dernier, pour une soirée dédiée aux grandes voix, avec Dominique Fils-Aimé en ouverture. On pourra la retrouver dès mercredi prochain à Toulon, en compagnie de Louise Attaque. Avec tout son talent et sa sensib

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Mine de rien, elle a su se faire une place parmi les habitués de Jazz à Juan. Après 2016 et 2018, Selah est revenue une troisième fois dans la pinède Gould, mardi dernier. Là où des voix magiques, d’Ella Fitzgerald à Samara Joy, en passant par Nina Simone ou Melody Gardot, se sont produites. La Belge s’inscrit dans un registre plus pop, où le reggae, la soul ou le hip-hop peuvent s’inviter sans prévenir. La Flamande de 35 ans, révélée par le tube « Raggamuffi­n », avait très tôt suscité des comparaiso­ns flatteuses avec Amy Winehouse ou Janis Joplin, par exemple. En une quinzaine d’années, elle a su tracer son propre chemin, parfois tortueux.

«Ceseraun long chemin »

Dans ses yeux bleus, d’un clair qui surprend toujours, des lueurs de bonheur cohabitent souvent avec un voile plus sombre. C’est comme ça depuis longtemps et Selah Sue a appris à dealer avec la dépression. Elle s’ouvrait même sur le sujet à travers le très personnel « Persona », album de 2022 ayant fait l’objet d’une réédition l’an dernier.

Au moment de la sortie, en rebondissa­nts sur le nom de l’une de ses chansons, « Pills », elle nous expliquait avoir longtemps «eu l’impression d’être plongée dans le brouillard » à cause de son traitement. «Aujourd’hui, je suis vraiment traversée par les émotions », ajoutait-elle, indiquant avoir arrêté son traitement.

On lui demande si elle vit désormais à fond ses expérience­s sur scènes. Elle tord sa bouche avant de répondre. « J’ai dû reprendre des antidépres­seurs, j’en ai encore besoin. Ce sera un long chemin avant de trouver l’équilibre. Parce que tout ça est génétique… »

Confortée par Prince

Les sollicitat­ions, la pression voire la solitude parfois ressentie par les artistes quand les lumières s’éteignent n’amplifiera­ient-elles pas ses maux ? «Jene me sens jamais seule, en réalité. J’aime la tranquilli­té quand tout est fini. Là, je suis venue avec mon homme. Et parfois, nos enfants nous accompagne­nt aussi. »

Souvent, dans les médias, on l’a qualifiée de diva soul. Reste à savoir si cette appellatio­n lui convient. « Pour moi, être une diva, ce n’est pas avoir un gros ego et faire tout ce que tu veux. C’est être une femme avec un vrai esprit, avec une vraie énergie, qui sait ce qu’elle veut. Et ça, je crois que c’est moi, aussi. »

Cette déterminat­ion, elle lui vient en partie d’un échange mémorable avec Prince. En 2010 à Anvers, elle avait tapé dans l’oreille du Kid de Minneapoli­s, en assurant sa première partie. « Il m’avait invitée en coulisse et on a parlé pendant une heure, il m’a donné beaucoup de conseils. Il trouvait que je respirais la musique, il me disait de juste me laisser aller. Ses mots m’ont beaucoup aidée. Je ne suis pas toujours très sûre de moi-même. Mais quand Prince aime ce que tu fais, c’est que ça ne doit pas être si mauvais ! »

La thérapie par l’art

Sur la Côte d’Azur, Selah Sue a profité de son passage pour piquer une tête dans la Grande Bleue. « Nager, ça fait du bien. D’habitude, je fais du jogging. Mais là, il fait trop chaud. Être ici, c’est un rêve. Je suis habituée à la pluie belge, j’ai l’impression d’être en vacances.

C’est le meilleur des remèdes. » Ces moments de plaisir lui procurent de l’apaisement. Comme quand elle écrit.

« J’ai commencé à 14 ans, c’est une forme de thérapie pour moi. C’était comme un journal intime, je faisais ça chaque jour et ça m’aidait beaucoup à mettre des mots sur mes sentiments. »

Le mot « thérapie » revient plus tard dans l’échange, lorsqu’elle évoque la création de « Persona ». « Il était basé sur un travail que j’ai fait avec mon psy. Chaque chanson était écrite d’un point de vue : la maman, la mélancoliq­ue, la fille indépendan­te... C’est une manière d’accepter les différents aspects de ma personnali­té. »

« Une diva, c’est une femme avec un vrai esprit, une vraie énergie, qui sait ce qu’elle veut »

JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr Selah Sue en concert

Mercredi 17 juillet à 20 h 30 au festival Le son by Toulon, avec Louise Attaque, sur le parvis du Zénith. De 48,20 à 68 euros.

Rens. zenith-toulon.com

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