La ministre de l’Éducation Nicole Belloubet dans le Var : « L’Europe, c’est du concret »
Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale, est venue tracter hier matin sur le marché de La Croix-Valmer (Var) au côté de l’ex-maire de Nancy Laurent Hénart, en 16e position sur la liste de Valérie Hayer. « Tout peut encore basculer », insistent-ils.
Quel est votre sentiment sur la campagne ?
Nicole Belloubet : Il me semble que les Français s’y intéressent de plus en plus. Pour nous, l’enjeu, c’est de faire prendre conscience aux gens que l’Europe, c’est du quotidien. C’est du concret. Qu’il faut s’y investir, car de l’Union européenne dépendent beaucoup d’éléments de notre vie quotidienne. Par exemple, pour l’éducation, il y a Erasmus qui est évidemment important (plus de 700 000 jeunes en ont bénéficié depuis 2017 !) et qui doit se déployer davantage, au service de toute notre jeunesse. La loi que nous avons votée pour l’Erasmus de l’apprentissage y contribuera. Pour la justice, la confiance mutuelle, principe fondateur de l’UE, fait qu’une décision de justice rendue par un tribunal en France est immédiatement applicable en Allemagne ou en Italie… L’Europe, c’est aussi l’aide à l’Ukraine, nous permettant de voir se constituer l’Europe de la Défense qui avait été rejetée dans les années 1950. Laurent Hénart : Les Français s’intéressent à la campagne quelques jours, quelques semaines avant l’échéance. Les sondages de 2019 ont montré que le résultat peut évoluer jusqu’au dernier moment.
Vous espérez pouvoir inverser la tendance, contrairement aux sondages vous créditant d’environ 15 % alors que le RN est nettement en tête ?
L. H. : Je pense que pour le grand public, la campagne commence seulement maintenant ! Avec une grande inconnue : le taux de participation. Avec 47 % ou 53 % d’abstention, le résultat ne sera pas le même. Pour la majorité, il y a un enjeu de mobilisation des Français ayant choisi Emmanuel Macron au 1er tour de la présidentielle. Nous sommes la seule liste à parler d’Europe. Marine
Le Pen veut la dissolution ; Jordan Bardella se voit déjà à Matignon. Ils sont sur une trajectoire « présidentielle 2027 ». À gauche, c’est la primaire présidentielle aussi pour savoir qui mènera la danse en 2027. Quant à « Reconquête ! » et aux Républicains, ils sont en mode « survie » avec un discours davantage d’opposition à la majorité nationale, que de défense d’un projet.
Il était important de venir dans le Var, terres qui ont voté, lors des dernières législatives, pour le RN ?
N.B.:Iln’yaaucuneraisonque les thèses du Rassemblement national soient les seules exposées dans le débat. Bien au contraire. Nous, nous n’avons pas honte de l’Europe. Nous revendiquons notre action pour renforcer l’Union européenne. Après la Covid, nous avons permis aux entreprises de rebondir avec un plan de 750 milliards d’euros. Nous avons pu relancer l’économie, donc donner du pouvoir d’achat, créer et pérenniser des emplois.
Pourquoi fallait-il étendre le dispositif Erasmus ?
N. B. : Pour un apprenti, c’est formidable de pouvoir découvrir comment cela se passe dans un autre pays européen. Cela enrichit la compréhension de l’UE et ouvre au monde. Le Président a demandé que 15 % des places en Erasmus soient dédiées aux apprentis. Je vais [aujourd’hui] au Conseil de l’UE, à Bruxelles, retrouver mes 26 homologues et acter un renforcement du dispositif au-delà des étudiants, en le faisant bénéficier aux apprentis ou encore aux demandeurs d’emploi.
N. B. : Nous allons avoir un débat d’orientation sur la place à donner à l’intelligence artificielle dans l’éducation. Ma position est claire : il faut s’appuyer dessus, mais en préservant l’humain et l’accompagnement par un professeur. L’Europe a déjà fait beaucoup sur la régulation des réseaux sociaux, la protection des données et la taxe sur les grandes plateformes. Cela montre qu’il est plus facile d’agir avec l’Europe que seul.