Ils rendent les livres accessibles aux non-voyants
Des donneurs de voix enregistrent des livres et permettent à ceux qui ne voient pas, ou mal, de découvrir des pépites. Pour enrichir la bibliothèque sonore, ils ont besoin de renfort.
Elle est l’une des voix de la Bibliothèque sonore de Nice. Carré court, un large sourire qui illumine son visage, Catherine Antoine raconte comment, depuis 2020, sa retraite est rythmée par cette activité bénévole. «Je partage mon goût de la lecture et de la littérature avec des personnes qui ne peuvent pas lire par ellesmêmes. C’est un vrai plaisir. » Munie d’un casque-micro branché sur son ordinateur, elle lit à voix haute, chez elle. « J’adopte une voix neutre, en cherchant à rendre le texte vivant sans être dans la surinterprétation. Ce n’est pas du théâtre. » Elle avoue se laisser gagner, de temps en temps, par l’émotion. « Quand on lit à haute voix, on savoure vraiment les mots, les phrases, le livre me touche davantage. » À côté d’elle, Eliane Buttafochi, l’une des chevilles ouvrières de la bibliothèque sonore acquiesce.
Douze heures de travail
« C’est un plaisir, mais ça prend du temps, enchaîne Catherine. Il faut compter environ 12 heures de travail pour un livre de 150 pages, qui correspond à 3 heures d’écoute. » Depuis la rentrée, elle a ainsi enregistré trois oeuvres : « Le Grand Feu de Leonor de Récondo ,LaVarangue de Virginie Bouyx, et Le Professeur d’anglais de Mathieu Pieyre, détaille-t-elle. Je les ai choisies dans une liste que la Bibliothèque sonore nous propose. » Une sélection effectuée avec le plus grand soin par une petite équipe de passionnés.
Sélection parmi les nouveautés
Pour choisir des livres à donner à lire, Cathy Sultan peut compter sur l’aide des libraires Jean-Sébastien et Arnaud (« Les Journées suspendues », à Nice), Aurélie (« La Pleïade », à Cagnes-sur-Mer) et Sylvie
à la Fnac de Nice. « Ils me transmettent des épreuves d’ouvrages, et pendant l’été, nous lisons ainsi les livres avant leur sortie. »
Ils s’engagent alors dans une véritable course contre la montre, à la recherche de pépites littéraires à partager aux déficients visuels. « On choisit des oeuvres de qualité, lisibles et amenées à être lues à voix haute. On échange nos impressions », explique Jean-Sébastien Ray, qui nous accueille dans sa jolie librairie de l’avenue Borriglione.
Cette année encore, après ce marathon de lecture, ils proposeront début septembre une liste de 20 à 30 livres aux donneurs de voix de
la Bibliothèque sonore. L’objectif étant d’enregistrer les nouveautés avant début novembre et les prix littéraires.
Une collection de 8 000 livres audio
« L’année dernière, on a ainsi pu proposer à nos audio-lecteurs le prix Goncourt : Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea, et L’Enragé de Sorj Chalandon », note Eliane Buttafochi. À côté d’elle, Pierre Grangier, président de la Bibliothèque sonore, pointe avec fierté : « À Nice, nous sommes la bibliothèque sonore qui enregistre en France le plus grand nombre de livres
qui se voient décerner un prix littéraire. »
Créée en 1976 à Nice, la Bibliothèque sonore, située 4, avenue HenriBarbusse, compte plus de 8 000 livres audio. « On complète ce fonds, grâce au travail des donneurs de voix, qui enregistrent environ 80 oeuvres par an. » Elles sont ensuite téléchargées sur un serveur national et ainsi mises à disposition de celles et ceux qui ne peuvent plus lire. Dans toute la France. « À Nice, nous avons 182 bénéficiaires, poursuit Pierre Grangier. Certains téléchargent les fichiers MP3, d’autres empruntent des CD que nous pouvons leur envoyer par courrier. »
Quand ces CD reviennent à la bibliothèque, il n’est pas rare que les bénévoles retrouvent des petits mots, glissés dans la pochette : « Merci à la donneuse de voix. »
Vous souhaitez donner votre voix ?
Pour proposer davantage d’ouvrages à l’écoute, l’association a besoin de donneurs et donneuses de voix. Si vous souhaitez rejoindre les bénévoles, vous pouvez contacter l’association par e-mail : 06n@advbs.fr ou bibliotheque sonore.nice@orange.fr