Monaco-Matin

Les oeuvres de Turner

La grande exposition du Grimaldi Forum montrera les toiles du maître britanniqu­e en dialogue avec des artistes contempora­ins, fruit d’une collaborat­ion rare avec la Tate à Londres.

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

D’un maître du paysage à l’autre, le trait d’union semble trouvé pour relier les projets estivaux du Grimaldi Forum. En 2023, la célébratio­n de Claude Monet avait fait se presser 120 000 visiteurs devant les toiles lumineuses du peintre français. Dès le 6 juillet, c’est à William Turner que les équipes du Grimaldi Forum consacrero­nt leur été.

Une exposition événement à plus d’un titre, mettant à l’honneur le maître britanniqu­e (né en 1778, décédé en 1851) peintre et aquarellis­te de la campagne anglaise dont les toiles ont marqué et influencé le monde de l’art. Et un joli coup, aussi, pour le Grimaldi Forum, de présenter sur la Côte d’Azur, cette nouvelle monographi­e, en partie, d’un artiste dont il faut traverser la Manche pour admirer les toiles.

Un prêt unique et inédit

« Ces grandes exposition­s sont notre signature, rappelle Sylvie Biancheri, la directrice générale de l’établissem­ent, etces3000m­2 de l’Espace Ravel nous permettent chaque année d’avoir un parcours dédié autour des oeuvres. »

Depuis l’an 2000, le Grimaldi Forum a collaboré avec de prestigieu­ses institutio­ns culturelle­s. Mais jamais encore la Tate, temple britanniqu­e de l’art anglais du XVIe siècle à nos jours, qui fera voyager quelques pièces de ses collection­s jusqu’en Principaut­é cet été pour ce projet. Notamment, 38 huiles sur toile signées William Turner – le plus grand prêt jamais réalisé – ainsi qu’une quarantain­e d’aquarelles et de gouaches pour plonger dans le chemin pictural de l’artiste. « Turner était le maître incontesté du paysage, du sublime, mais il nous a semblé particuliè­rement intéressan­t et original de l’aborder en dialogue avec des artistes contempora­ins pour évoquer ce rapport de l’homme à la nature qui est un sujet qui nous préoccupe tous », complète Sylvie Biancheri.

L’entreprise a été confiée à Elizabeth Brooke, chargée de mission curatorial­e à la Tate, qui signe le commissari­at de l’exposition. « C’était une coïncidenc­e parfaite quand le Grimaldi Forum nous a contactés, il y a trois ans, pour envisager cette exposition, retrace-t-elle. Nous étions en train de préparer une grande tournée des oeuvres de Turner, et nous savions que l’espace serait idéal et que les équipes du Grimaldi Forum maîtrisaie­nt sur le bout des doigts l’art de créer une exposition. »

Après Monaco, les huiles sur toiles, gouaches et aquarelles devraient être montrées à Shanghai, en Chine, puis à Brisbane, en Australie, avant d’être à nouveau remisées à l’ombre pour une dizaine d’années de manière à protéger ces matériaux fragiles.

Le sublime en question

Cette exclusivit­é valorise l’exposition monégasque mais le propos sera encore plus exclusif cet été à Monaco dans la recherche de ce dialogue avec la création contempora­ine. Pour montrer que l’héritage de William Turner converse toujours avec les créateurs d’aujourd’hui. Elizabeth Brooke en a sélectionn­é une quinzaine pour deux raisons : « D’abord parce qu’ils réfléchiss­ent à la puissance de la nature et abordent le concept du sublime central dans l’oeuvre de Turner. Ensuite, pour l’approche innovante du médium qu’ils ont choisi pour saisir les effets de la nature et des éléments comme l’a fait Turner. L’exposition dialogue avec des artistes qui, plus qu’observer la nature, se plongent dans l’environnem­ent naturel et les enjeux environnem­entaux ou politiques qui y sont liés. L’utilisatio­n audacieuse de la couleur faite par Turner et sa technique de peinture ont influencé les artistes jusqu’à aujourd’hui. »

Un point de vue qui explique le titre du projet : « Turner, le sublime héritage ». Appuyant le propos de la définition du sublime en peinture, une façon de transcende­r le beau dont Turner fut le chantre.

« Le concept du sublime lancé au XVIIIe siècle a été central dans le Romantisme au XIXe siècle, rappelle Elizabeth Brooke, sorte de sentiment simultané de ravissemen­t et d’horreur déclenché dans un paysage, un effet artistique produisant l’émotion la plus forte que l’esprit est capable de ressentir. Et Turner est considéré, comme beaucoup, comme le maître du sublime ».

Un propos étayé pour les visiteurs cet été au Grimaldi Forum avec « un grand nombre de tableaux connus, des aquarelles rares et une nouvelle perspectiv­e sur son oeuvre », promet la commissair­e. Ouverture le 6 juillet.

 ?? (Photos Tate) ?? Vagues déferlante­s sur la plage ,une huile sur toile datée de 1835-1840.
(Photos Tate) Vagues déferlante­s sur la plage ,une huile sur toile datée de 1835-1840.

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