Du vin moins alcoolisé pour séduire un nouveau public
Portés par la demande des consommateurs, les Maîtres vignerons de la presqu’île de Saint-Tropez lancent en mars un rosé qui titre 9 degrés. Le début de la conquête d’un nouveau marché.
Rien de nouveau sous le soleil viticole : la consommation annuelle de vin chute en France depuis 2012. Un recul quantitatif qui déoulerait d’une volonté de d’abord consommer mieux, avant de consommer plus. D’où le virage qui est en train d’être négocié vers des produits plus « diététiques, allégés et à faible teneur en alcool ».
Toute entreprise désireuse de durer est sommée de s’adapter au marché. Les Maîtres vignerons de la presqu’île de Saint-Tropez ont senti ce vent bruisser dans leurs vignes, et décidé de se lancer sur les sentiers de la désalcoolisation depuis l’an dernier.
« Sans arriver au zéro alcool, qui ne permet pas d’obtenir un profil similaire à du vin, lui retire tout attrait et qui est aux antipodes de notre métier, il nous fallait un produit avec des degrés moindres », explique Frédéric Schaeffer, le directeur général du groupement basé à Gassin.
« Plus de fraîcheur »
« Il n’y aura pas de cannibalisation par rapport à nos produits existants. Ce sera un rosé d’apéro, la désalcoolisation donne plus de fraîcheur au vin », vante la direction,
qui y voit aussi une alternative au « rosé piscine », gavé de glaçons. Tout le processus de recherche et développement s’est déroulé en interne, tandis que la désalcoolisation
est traitée en externe par un prestataire. L’objectif a été fixé à 9 degrés, d’où le nom de la cuvée, « 9 », qui orne l’étiquette apposée sur la bouteille.
Un chiffre qui ne doit rien au hasard. « Nous ne voulions pas perdre l’appellation IGP Méditerranée, dont le degré plancher est fixé à 9. Ce n’était pas jouable avec l’AOP, puisque le minimum autorisé est à 11 degrés », détaille Frédéric Schaeffer. « Encore récemment, les dégustations “expérimentales” d’oenologues, sommeliers, etc., se succédaient faute de trouver le profil adéquat. Mais la recette est à présent quasi validée, et la bouteille sera disponible fin mars », précise la directrice du marketing, Stéphanie Cottreau, de retour du salon « Wine Paris » où le « 9 » a pu être présenté, avant « ProWein » en mars à Düsseldorf pour le versant « export ».
Bientôt le blanc
Lors de cette année test, quelque 13 000 bouteilles devraient sortir des cuves pour un prix unitaire fixé aux alentours de 7,50 euros. Un des autres arguments de vente de ce « rosé light » (à consommer avec modération, tout de même) qui veut toucher un nouveau public, dont les jeunes. « Nous ne pensons pas à un phénomène de mode. Nous nous inscrivons dans la durée et prévoyons de dupliquer les essais sur le blanc », conclut Stéphanie Cottreau, qui compte bien labourer ce sillon porteur d’avenir.