Yvan Le Bolloc’h « ÊTRE À LA HAUTEUR DE L’ENJEU »
Pastille novatrice lors de son arrivée sur M6 en 2001, Caméra café revient, plus de 20 ans après, pour une soirée retrouvailles autour de Jean-Claude et Hervé, toujours interprété par le duo Le Bolloc’h - Solo.
Le 3 septembre 2001, M6 propose une pastille novatrice, drôle, piquante avec un concept unique : placer la caméra, et donc le point de vue du téléspectateur, au niveau de la machine à café d’une entreprise. Voici Caméra café, une folie sortie de l’imagination d’un duo qui a fait ses classes à Canal+ : Yvan Le Bolloc’h - Bruno Solo. Pendant trois ans et près de 300 épisodes, le programme va rassembler plus de 3 millions de téléspectateurs autour du duo Jean-Claude Convenant - Hervé Dumont, le VRP beauf et le syndicaliste largué. Avec son lot de personnages secondaires, le programme va créer une jurisprudence et donner l’envie à
M6 de sacraliser cette pastille courte humoristique avec, par la suite, Kaamelott, Scènes de ménages, En famille. Le duo Le Bolloc’h - Solo revient, 20 ans après la fin de la série, avec une soirée prime time où la bande de Caméra café rembobine le temps et permet de parler des sujets majeurs des deux dernières décennies : la crise des gilets jaunes, le mouvement MeToo, la crise climatique, l’élection de François Hollande et, surtout, les départs à la retraite de Jean-Claude Convenant, campé par Yvan Le Bolloc’h que nous avons interviewé, et Hervé Dumont.
Pourquoi redonner vie à Jean-Claude Convenant ?
La comédie me manquait. J’avais envie de savoir comment Jean-Claude Convenant avait traversé tous les événements majeurs des deux dernières décennies. C’était sociologiquement intéressant de placer la série face au mouvement MeToo, aux Gilets jaunes, l’élection de François Hollande, etc.
Quelles étaient les difficultés majeures de ces retrouvailles avec tout le casting ?
Être à la hauteur de l’enjeu. Et puis à deux, avec Bruno Solo, c’est toujours plus simple. Je ne me suis pas trompé sur mon alter ego il y a plus de vingt-cinq ans, c’est ce qui est formidable dans un duo. En vingt ans, il s’est passé de nombreuses choses et on voulait voir ce qui était pertinent avec le prisme de Caméra café. Déguiser Jean-Claude en Super Gazoil, une pompe à essence humaine, c’était parfait.
Aviez-vous conscience, en 2001, que Caméra café deviendrait à ce point culte ?
En faisant nos armes sur Canal+, on a pris goût au jeu de la comédie car, au départ, j’étais un petit branleur de banlieue. Je me suis retrouvé sur Canal+ comme un passager clandestin (rires). Avec Bruno, on a côtoyé les Nuls, l’esprit Canal, on voulait tendre vers ça et on ne trouvait pas de scène pour le faire. On a réfléchi à un format court, qui ne coûte pas cher, avec cette universalité de lieu qu’est l’entreprise. On a mis du temps à trouver une chaîne intéressée et puis M6 a tenté le coup et du jour au lendemain, on nous a commandé 300 épisodes. C’était sans filtre, on avait une liberté totale dans l’écriture. Et comme on produisait le programme nous-même, on est resté maître du concept du début à la fin.
Pourquoi ça a marché ?
« La machine à café d’une entreprise, ça parle à tout le monde »
La machine à café d’une entreprise, ça parle à tout le monde. À toutes les époques. Il y a un parallèle évident avec une école aussi, vous avez les deux cancres, Bruno et moi, le fayot, le directeur qui met des sanctions, etc. C’est une structure de narration universelle. Tout le monde peut s’identifier.
C’était important de dire au revoir à vos personnages ?
Émotionnellement, ce n’est pas simple à jouer mais il fallait faire partir Jean-Claude à la retraite. C’est la fin d’une époque, un monde qui s’effondre. C’est aussi la fin de l’époque dorée des VRP, on voulait remettre une pièce dans la machine avec ce prime, c’est une façon de dire merci aux gens qui ont aimé ce programme. J’ai le sentiment que ce genre d’humour manque en ce moment. Il n’y a plus d’humour social... Les Guignols me manquent terriblement, par exemple.
Caméra café, 20 ans déjà, ce mardi soir à 21 h 10, sur M6. Suivi du Caméra café, 20 ans après, à partir de 23 h.