La Nouvelle-Calédonie dit non à son indépendance
Le Président Emmanuel Macron a salué hier la victoire écrasante des pro-France lors du troisième référendum d’autodétermination. Reste à définir le nouveau statut de l’archipel.
Marqué par une abstention record après l’appel des indépendantistes à bouder le scrutin, ce troisième et dernier référendum a été remporté par les pro-France avec 96,49 % des voix, contre 3,51 % au oui à l’indépendance, les votes blancs et nuls comptabilisant 2,99 %. L’ampleur du résultat est à relativiser par une participation (43,90 %) en chute libre par rapport aux deux précédents référendums remportés en novembre 2018 et octobre 2020 par les loyalistes avec respectivement 56,7 % puis 53,3 % des suffrages.
« Quand on voit le taux d’abstention, juridiquement le référendum est indiscutable, politiquement c’est un faux référendum car il n’y aura rien de réglé », a commenté Carine David, professeure de droit public à l’université des Antilles et spécialiste des institutions d’Outre-mer. Ce résultat « ne veut rien dire à part que le non est d’accord avec le non », a abondé Isabelle Merle, directrice de recherche au CNRS.
« Ce soir, la France est plus belle »
Sur ce constat, le président Macron a appelé, lors d’une allocution solennelle depuis l’Élysée, à accueillir avec « respect et humilité » le résultat, notant que « le corps électoral est resté profondément divisé » sur le « Caillou », archipel stratégique du Sud-Pacifique, français depuis 1853.
Le chef de l’État a eu, au passage, « une pensée pour toutes celles et tous ceux qui pleurent un proche » alors que les indépendantistes avaient décidé de ne pas participer au
Dans un contexte de très forte abstention, le non à l’indépendance a récolté 96,49 % des voix, contre seulement 3,51 % au oui.
vote en invoquant l’impossibilité d’organiser « une campagne équitable » à cause de l’épidémie de Covid-19 et le fait que la population kanak est plongée dans le deuil.
Mais « ce soir, la France est plus belle, car la Nouvelle-Calédonie a décidé d’y rester », s’est-il aussi félicité. Le résultat du référendum était observé bien au-delà des frontières de la France, notamment chez l’ambitieux voisin chinois. L’archipel détient un quart des réserves mondiales de nickel et garantit à Paris une vaste superficie d’eaux territoriales ainsi qu’un point d’entrée en Indo-Pacifique.
Le dialogue ne sera pas si facile...
« L’accord de Nouméa » de 1998, qui organise la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie par étapes, « arrive à son terme juridique », a rappelé Emmanuel Macron, alors que s’ouvre une «période de transition qui libère de l’alternative binaire entre le oui et le non » et qui « doit nous conduire à bâtir un projet commun », a-t-il dit. En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l’État qu’après le 12 décembre s’ouvrirait « une période de stabilité et de convergence » avant un « référendum de projet » d’ici juin 2023, qui, en cas d’une victoire du non, porterait sur un nouveau statut dans la République.
Le dialogue ne sera cependant pas si facile. Le FLNKS et les nationalistes, qui n’ont pas réagi hier soir, avaient fait savoir avant le référendum qu’ils n’en reconnaîtraient pas le résultat et qu’ils le contesteraient devant les instances internationales. La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l’ONU.
Les indépendantistes ont également prévenu qu’ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outremer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa.