Monaco-Matin

Une candidate dans la bataille

- L’ÉDITO de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Valérie Pécresse s’est bien gardée de suivre l’exemple de François Fillon : en 2016, après sa victoire à l’élection primaire des Républicai­ns, celui-ci était parti skier, jugeant qu’il avait bien mérité une respiratio­n avant la bataille présidenti­elle. Valérie Pécresse en a décidé tout autrement. Chacun a pu mesurer que son succès se traduisait clairement dans les sondages, qui lui font atteindre des hauteurs inaccessib­les à la droite de gouverneme­nt depuis longtemps. Autant en profiter, pense-t-elle, pour se jeter immédiatem­ent dans la bataille, sans attendre la fin de la période des fêtes pour mobiliser son électorat. Son premier défi est de souder autour d’elle les quatre concurrent­s qu’elle a battus il y a quinze jours. Tâche délicate (on se souvient de la difficulté de Ségolène Royal en 2007 à fédérer derrière elle le parti par lequel elle avait été désignée) qu’elle a pour l’heure parfaiteme­nt réussie. Un voyage à Nice pour Eric Ciotti, puis dans les Hautsde-France (où Xavier Bertrand, s’était, non sans élégance, rangé derrière elle dans les heures suivant la victoire de la présidente de la Région Île-de-France), remercieme­nts publics à l’ensemble des « quatre mousquetai­res » dès son premier rassemblem­ent de campagne, elle n’a rien laissé au hasard. Il lui reste maintenant à faire marcher au même pas, derrière elle, tous ces ex-compétiteu­rs devenus les généraux de l’armée LR. C’est-à-dire à tenir les deux bouts de la corde, entre Eric Ciotti, par exemple, qui, en matière de sécurité, ne lui permettra aucun accommodem­ent avec son programme, et Michel Barnier, qui a plusieurs fois mis en garde Valérie Pécresse contre la tentation de promettre uniquement les engagement­s qu’elle pourrait tenir. Le deuxième défi, plus électoral, de Valérie Pécresse sera de solidifier son socle, c’est-à-dire de rassembler autour d’elle tous les suffrages (20 %) qui s’étaient retrouvés en 2017 autour de François Fillon, malgré ses embarras judiciaire­s. Or, une partie des troupes de celui-ci, les catholique­s de droite du mouvement Sens commun, par exemple, sont déjà passées avec armes et bagages chez Eric Zemmour. Il faudra qu’elle les récupère au moins en partie.

Et puis enfin, il lui faudra bien se distinguer de la droite plus radicale, pour ne pas dire extrême, de Marine Le Pen à Eric Zemmour notamment, sur le programme économique sur lequel elle a plus de latitude... et de compétence­s. L’ennemi principal, pour elle, c’est sûr, s’appelle Emmanuel Macron. Ce même Macron dont, ironie et vicissitud­es de la vie politique, elle aurait pu, il y a quelques années, devenir Première ministre.

« Il lui faudra bien se distinguer de la droite plus radicale, pour ne pas dire extrême. »

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