Agnès Papone, Puget-Théniers : « Le frein, c’est le foncier »
Agnès Papone était chercheure en santé publique. Renaud, son mari, gérait des magasins dans la Vésubie.
Mais ça, c’était avant.
Avant 2009, leur deuxième vie et le retour à la terre. Ils ont commencé par quelques légumes, un petit poulailler… Ils ont grandi doucement, respectueux de la nature.
Aujourd’hui, le couple de quadras est à tête de la ferme bio « Lavancia » à Puget-Théniers. Maraîchage, volailles, tout certifié… Ils alimentent quelques-unes des plus belles tables locales, dont celle du Negresco. Et continuent de cultiver leurs idées, de semer les graines d’un système résilient.
« On a construit un Ikea à Nice. Sur toute la basse vallée du Var, on a fait du béton… Il va falloir sérieusement réfléchir à nos priorités : on mange quoi ? Des meubles en kit ? De la purée en flocons ? », interroge Agnès Papone.
Pour arriver à l’autonomie alimentaire, énorme problématique de notre territoire, elle le dit : «Le frein principal, c’est l’accès au foncier. » Protéger les terres agricoles. Et les rendre accessibles à ceux qui veulent les exploiter.
« Réfléchir à la souveraineté alimentaire »
En cela, l’engagement du Département de jouer les facilitateurs (une des mesures phares du plan agricole et rural 2021-2028) est une bonne chose, approuve la jeune agricultrice. Encore faut-il que tout le monde suive, pique-t-elle. « Estce que ça va se traduire par des actes ? Est-ce que les maires des petits villages vont être assez stoïques pour affronter leurs électeurs qui préfèrent bâtir ? La vie rêvée, c’est à Mouans-Sartoux ou à Touët où la mairie, visionnaire, s’est engagée, sur un terrain municipal, à faire une ferme pour nourrir les villageois. Mais ailleurs, c’est souvent plus compliqué, plus frileux… Il faut réfléchir à l’échelle départementale, faire des Projets alimentaires territoriaux [les PAT, un autre axe proposé par le conseil départemental, Ndlr], réfléchir à la souveraineté alimentaire ».