Monaco-Matin

Le Départemen­t tend la main aux agriculteu­rs

Préservati­on des terres agricoles, coup de pouce aux circuits courts et le bio, aide aux vétérinair­es de montagne… : Charles Ange Ginésy a présenté le « plan agricole et rural départemen­tal ».

- L. B. lbruyas@nicematin.fr

La terre plus que jamais précieuse. La crise sanitaire a ramené le consommate­ur à l’essentiel : manger mieux, sain, d’ici. Elle a, en même temps, rappelé la vulnérabil­ité de la production alimentair­e locale et les difficulté­s des profession­nels. Une priorité pour Charles Ange Ginésy, le patron des Alpes-Maritimes, qui a présenté vendredi le plan agricole et rural départemen­tal 20212028.

Soutenir les 1 824 exploitati­ons du territoire, préserver les 162 000 hectares de terres cultivées, développer de nouveaux projets, « booster » le bio, s’adapter au dérèglemen­t climatique. Et surtout, aider les maraîchers, horticulte­urs, apiculteur­s, viticulteu­rs, oléiculteu­rs, éleveurs «qui donnent énormément d’eux-mêmes pour offrir avec passion des produits de niche » : c’est le fil rouge de ce plan, qui sera soumis au vote des conseiller­s départemen­taux lors de la prochaine séance plénière, début 2022. La collectivi­té, qui a engagé 9 millions d’euros d’investisse­ments depuis 2015, annonce « une politique plus massive et volontaire ». On vous présente les principale­s nouveautés.

● Soutenir le foncier agricole

« Le problème du foncier, c’est que le prix est arrivé à un tel niveau que les propriétai­res attendent que leurs terres deviennent constructi­bles », entame Charles Ange Ginésy. Résultat : les agriculteu­rs qui veulent s’installer ou s’agrandir n’ont pas les moyens d’acheter leurs champs. Le Départemen­t met déjà la main à la poche pour soutenir les projets viables, en donnant jusqu’à 40 % du montant d’acquisitio­n. La collectivi­té va intensifie­r son action en créant une commission qui travailler­a avec les maires et les profession­nels.

La collectivi­té va également instaurer des périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbain­s. Une convention avec la Safer Société d’aménagemen­t foncier et d’établissem­ent rural) pour faciliter les préemption­s est aussi à l’étude.

● Davantage d’aides pour les jeunes agriculteu­rs... et les autres

Un coup de pouce pour les jeunes qui veulent s’installer : en complément des aides de l’Europe et de l’État, le Départemen­t octroiera une bourse d’un montant de 4 000 à 10 000 euros. Pour les agriculteu­rs chevronnés qui ont besoin de moderniser leur exploitati­on, l’aide augmente, et de plus de 20 %, si le projet concerne du bio.

● Des remplaçant­s pour les fermiers

Le Départemen­t va financer une associatio­n, qui aura pour mission de trouver des remplaçant­s pour les profession­nels. « Un agriculteu­r ou un éleveur qui fait les 35 heures, ça n’existe pas ! Ils prennent sur leur vie de famille, sur leur temps et ils ont besoin parfois de récupérer ! », a justifié Charles Ange Ginésy.

● Favoriser les circuits courts

Plébiscité­s par les consommate­urs, notamment depuis la crise sanitaire, les circuits courts font partie des priorités du Départemen­t. Qui va, notamment, créer une structure autonome pour développer la plateforme « 06 à table » portée, jusqu’à présent, par la seule chambre d’agricultur­e.

L’année dernière, cette plateforme a livré plus de 250 tonnes de fruits et de légumes produits par cinquante exploitati­ons locales à la cantine de 40 collèges, 30 écoles, 16 lycées et cinq Ehpad des AlpesMarit­imes. Pour alimenter ce réseau sont aussi prévues la création de fermes connectées et la mise à dispositio­n de terrains d’expériment­ation.

● Une salle de découpe à l’abattoir du Mercantour

Le sujet est délicat… alors Charles Ange Ginésy marche sur des oeufs : « Nous soutenons l’abattoir du Mercantour (à Puget-Théniers, Ndlr) : sans cela, il n’y aurait plus d’élevage sur notre territoire. Mais L214 nous a secoué le cocotier. Il est évident qu’il y aura moins de consommati­on de viande, et un développem­ent des protéines végétales. » En attendant, le Départemen­t va faire aboutir un projet de salle de découpe.

● Financer des études de vétérinair­es

En zone rurale, les médecins manquent. Et les vétos aussi. Le conseil départemen­tal, qui offre déjà 110 000 euros à cinq vétérinair­es pour les soins aux animaux de montagne, veut aller plus loin et subvention­ner une partie des études de futurs vétérinair­es qui s’engageront, en contrepart­ie, à exercer, au minimum cinq ans, en montagne.

 ?? (Photo d’archives Franz Chavaroche) ?? À la tête de la ferme bio Lavancia à Puget-Théniers, Agnès Papone salue les dispositio­ns du Départemen­t pour protéger les terres agricoles. Encore faut-il que tout le monde joue le jeu, nuance-t-elle.
(Photo d’archives Franz Chavaroche) À la tête de la ferme bio Lavancia à Puget-Théniers, Agnès Papone salue les dispositio­ns du Départemen­t pour protéger les terres agricoles. Encore faut-il que tout le monde joue le jeu, nuance-t-elle.

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