Isola nouveau « laboratoire à ciel ouvert » de Chanel
Chanel a lié un partenariat avec Isola pour la cueillette d’une fleur médicinale exceptionnelle. En contrepartie, elle financera un jardin expérimental pour sauver les châtaigniers.
O « nn’a plus conscience de la richesse de la biodiversité d’Isola. C’est un réservoir incroyable et notre sanctuaire ». Nicola Fuzzati est phytochimiste, directeur de l’innovation et développement matières de la recherche de Chanel, et il est impressionné. Le village de la vallée de la Tinée est devenu le « labo à ciel ouvert » de la maison de haute couture qui s’est diversifiée dans les cosmétiques.
Un site remarquable, une fleur vedette
Ce laboratoire azuréen c’est JeanPaul Gherardi, président de l’association Biophyto, qui l’a défriché et a pu en faire part aux chercheurs de Chanel. Cette association qui regroupe quelques experts chevronnés a pour but la valorisation et la préservation des plantes sauvages et médicinales via de la recherche d’espèce pour l’université de Nice.
« On ne protège bien que ce que l’on connaît bien », pose Jean-Paul Gherardi, ancien cadre de NiceMatin.
« Entre 60 et 70 % de la flore française est présente dans les AlpesMaritimes, expose le président de Biophyto qui a fourni « une cinquantaine d’échantillons d’espèces sauvages à Chanel en 10 ans ». Celui qui a retenu l’attention de l’institution mondiale de la mode, c’est cette rare petite fleur jaune aux propriétés fascinantes : le Solidage (voir encadré ci-contre).
« Nous encadrons des essais de mise en culture. Et depuis cinq ans, il y a un essai qui a pris, chez une agricultrice de Saint-Vallierde-Thiey », raconte Jean-Paul Gherardi. Aujourd’hui, la culture du Solidage à Saint-Vallier permet de ne conserver la cueillette de la fleur sauvage qu’en appoint (20 %) pour les besoins de l’industrie. Mais Chanel n’en a pas fini de sortir des trésors des hauteurs de la Tinée et s’intéresse également à « quatre, cinq plantes qui sont à l’étude et que nous avons mis en culture car potentiellement intéressantes pour la composition de cosmétiques », confie Nicola Fuzzati.
Tout le monde y trouve son compte
« On est content qu’Isola ait été choisi », livre la maire du village Mylène Agnelli qui a délivré à la marque au double C « une autorisation de cueillette spéciale » :pas plus de 40 % des fleurs chaque année. Les cueilleurs formés et encadrés par Biophyto et Chanel, « garantissent de veiller à ne pas épuiser la réserve ». Mais la contrepartie ne s’arrête pas là pour la commune. L’association azuréenne et la maison de haute couture se sont greffées sur le projet de conservatoire de la châtaigneraie porté par l’Agence foncière agricole d’Isola (lire ci-dessous) dont Chanel financera une partie. Toutes les parties impliquées semblent y trouver leur compte.