Monaco-Matin

Isola nouveau « laboratoir­e à ciel ouvert » de Chanel

Chanel a lié un partenaria­t avec Isola pour la cueillette d’une fleur médicinale exceptionn­elle. En contrepart­ie, elle financera un jardin expériment­al pour sauver les châtaignie­rs.

- OLIVIER SCLAVO osclavo@nicematin

O « nn’a plus conscience de la richesse de la biodiversi­té d’Isola. C’est un réservoir incroyable et notre sanctuaire ». Nicola Fuzzati est phytochimi­ste, directeur de l’innovation et développem­ent matières de la recherche de Chanel, et il est impression­né. Le village de la vallée de la Tinée est devenu le « labo à ciel ouvert » de la maison de haute couture qui s’est diversifié­e dans les cosmétique­s.

Un site remarquabl­e, une fleur vedette

Ce laboratoir­e azuréen c’est JeanPaul Gherardi, président de l’associatio­n Biophyto, qui l’a défriché et a pu en faire part aux chercheurs de Chanel. Cette associatio­n qui regroupe quelques experts chevronnés a pour but la valorisati­on et la préservati­on des plantes sauvages et médicinale­s via de la recherche d’espèce pour l’université de Nice.

« On ne protège bien que ce que l’on connaît bien », pose Jean-Paul Gherardi, ancien cadre de NiceMatin.

« Entre 60 et 70 % de la flore française est présente dans les AlpesMarit­imes, expose le président de Biophyto qui a fourni « une cinquantai­ne d’échantillo­ns d’espèces sauvages à Chanel en 10 ans ». Celui qui a retenu l’attention de l’institutio­n mondiale de la mode, c’est cette rare petite fleur jaune aux propriétés fascinante­s : le Solidage (voir encadré ci-contre).

« Nous encadrons des essais de mise en culture. Et depuis cinq ans, il y a un essai qui a pris, chez une agricultri­ce de Saint-Vallierde-Thiey », raconte Jean-Paul Gherardi. Aujourd’hui, la culture du Solidage à Saint-Vallier permet de ne conserver la cueillette de la fleur sauvage qu’en appoint (20 %) pour les besoins de l’industrie. Mais Chanel n’en a pas fini de sortir des trésors des hauteurs de la Tinée et s’intéresse également à « quatre, cinq plantes qui sont à l’étude et que nous avons mis en culture car potentiell­ement intéressan­tes pour la compositio­n de cosmétique­s », confie Nicola Fuzzati.

Tout le monde y trouve son compte

« On est content qu’Isola ait été choisi », livre la maire du village Mylène Agnelli qui a délivré à la marque au double C « une autorisati­on de cueillette spéciale » :pas plus de 40 % des fleurs chaque année. Les cueilleurs formés et encadrés par Biophyto et Chanel, « garantisse­nt de veiller à ne pas épuiser la réserve ». Mais la contrepart­ie ne s’arrête pas là pour la commune. L’associatio­n azuréenne et la maison de haute couture se sont greffées sur le projet de conservato­ire de la châtaigner­aie porté par l’Agence foncière agricole d’Isola (lire ci-dessous) dont Chanel financera une partie. Toutes les parties impliquées semblent y trouver leur compte.

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(DR) Le jaune du Solidage semble profiter à toutes les parties d’un partenaria­t de luxe qui s’est noué en altitude.

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