Les vignerons de Correns passent à la biodynamie
Les coopérateurs varois du premier village bio de France ont franchi une étape supplémentaire en se convertissant à ce mode de culture. La certification serait une première en France.
Précurseurs du bio en viticulture, les trente vignerons de la coopérative de Correns, dont les parcelles s’étendent sur 170 hectares, ont franchi un cap supplémentaire, en passant à la biodynamie. Une méthode utilisant des préparations à base de plantes, de bouses et de silice pour enrichir les sols et traiter les cultures.
« On est certifiés en agriculture biologique depuis 1997 », rappelle Fabien Mistre, président de la coopérative. « Quelques administrateurs avaient commencé à discuter de la biodynamie et à travailler sur ce projet, et huit d’entre nous étaient déjà formés. Plusieurs aléas climatiques nous faisaient reporter le passage à l’acte, mais à la sortie de la récolte 2020, on s’est lancés. On a organisé une réunion d’information mi-octobre pour expliquer les motifs de cette conversion. »
Investissements et frais mutualisés
Les raisons sont assez simples : « Les gros coopérateurs, notamment ceux du conseil d’administration qui représentent 90 % de la superficie de la cave, veulent aller plus loin dans leur démarche, dit-il. Notre façon de travailler ne nous satisfaisait plus. Certains anciens nous y poussaient aussi. » Il a fallu convaincre les petits coopérateurs, qui ont un à deux hectares et n’étaient pas prêts à passer ce cap ni, financièrement, à investir. « Sachant qu’on a une Cuma [Coopérative d’utilisation du matériel agricole, Ndlr], j’ai proposé qu’elle prenne sa part, ajoute-t-il. Son président Marc Simon a décidé d’acheter le matériel nécessaire à la conversion. » C’est le cas du dynamiseur en cuivre, qui sert à brasser les préparations, et du pulvérisateur (11000 €). «Onamutualisé aussi l’achat des préparations (2800 € ) et des frais de certification (6 000 €). La cave prend cela en charge, c’est le petit coup de pouce qui a convaincu tout le monde. »
«Onneveutpas gagner plus d’argent »
Fabien Mistre assure que ce choix n’est pas une stratégie commerciale : « Le principe, ce n’est pas de gagner plus d’argent, c’est de travailler mieux. On s’entraide beaucoup. Par exemple, lorsque je pars pour de la pulvérisation, le petit coopérateur reste devant le dynamiseur. Depuis quatre ans, je fais mon compost et de la préparation, j’ai fait venir les coopérateurs pour qu’ils participent. Ils s’impliquent, surtout les jeunes qui arrivent derrière. La biodynamie, c’est de l’échange, c’est très coopératif. Et si c’est un peu plus cher en main-d’oeuvre, en frais de certification, il faut l’accepter ».
Les vignerons de Correns ont décidé de commencer par les cultures : «On avance étape par étape, précise le président des Vignerons de Correns. La récolte 2021 sera certifiée, j’espère. Chaque coopérateur a fait un dossier d’engagement. Demeter n’aurait pas réalisé un audit si on n’était pas dans les clous ».
La vinification en biodynamie sera pour plus tard : « On va travailler avec nos oenologues, pour l’expérimenter sur une cuvée de rouge. »
Si la certification est au rendez-vous, ce qui ne devrait pas poser de problème selon l’auditeur de Demeter (lire ci-dessous), les étiquettes pourront mentionner « vin issu de raisins biodynamiques » dès le millésime 2021.