Monaco-Matin

Appel aux donneurs : la région manque de sang

L’Établissem­ent français du sang lance un appel. Dans une région qui peine à mobiliser et doit donc compter sur la solidarité nationale, les stocks sont au plus bas. Les fêtes arrivent, il y a urgence.

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

C’est un cadeau à faire et, indirectem­ent, à se faire. Une bonne action dont chacun, un jour, bénéficier­a peut-être à son tour. À l’échelle du pays, 10 000 dons quotidiens sont nécessaire­s pour couvrir les besoins.

Il s’agit de personnes atteintes d’un cancer – leucémie notamment –, d’une maladie chronique ou encore victimes d’une hémorragie à l’occasion d’un accoucheme­nt, d’un accident, ou d’une interventi­on chirurgica­le. Des indication­s de transfusio­n qui impliquent un niveau de prélèvemen­t régulier et constant, puisque la durée de vie des produits sanguins est limitée : 7 jours pour les plaquettes, 42 jours pour les globules rouges.

« La fréquentat­ion de nos collectes est très faible »

« La fréquentat­ion de nos collectes est très faible », constate Maud Bergeron. Pourquoi ?

La chargée de communicat­ion de l’Établissem­ent français du sang (EFS) pour la Région Sud Paca s’interroge. Peut-être la remontée des chiffres de la pandémie. Ou la préparatio­n des fêtes, quand les gens ont la tête ailleurs. Sans doute un peu de tout cela à la fois. En tout cas, ça ne va pas. « Si nous connaisson­s traditionn­ellement des difficulté­s en décembre, cette année, les tensions arrivent un peu tôt. Pour passer le mois, il nous faut environ 110 000 poches au niveau national, or nous sommes à 85 000 actuelleme­nt.

C’est un peu compliqué. »

Une concentrat­ion sanitaire importante

Le sang est mutualisé. Heureuseme­nt. Dans la zone Sud Paca-Corse, les besoins quotidiens s’élèvent à 510 poches par jour, alors que les prélèvemen­ts ne dépassent pas 330. « Nous avons toujours des craintes avant les vacances et à la veille des jours fériés. Les donneurs sont moins disponible­s, beaucoup d’entre eux partent », reconnaît Virginie Lavedrine, qui représente l’EFS dans le départemen­t. Comme si cela ne suffisait pas, des collectes mobiles ont été annulées, soit parce que les étudiants étaient cantonnés aux cours en distanciel, soit parce que le télétravai­l avait entraîné la désertific­ation des grandes entreprise­s.

S’y ajoute une difficulté à recruter. Il manque deux médecins dans les Alpes-Maritimes, un autre dans le Var. « Quand un donneur se présente, après avoir été accueilli et enregistré, il voit un médecin ou un infirmier spécialeme­nt formé pour vérifier son aptitude au don », rappelle Virginie Lavedrine. Sans profession­nel, impossible d’assurer la sécurité de la collecte. Mais les postes ne sont toujours pas pourvus, après des départs qu’il semble ardu de pallier.

Son homologue dans le Var, Jérôme Portella, a un autre élément d’explicatio­n. La présence de nombreux établissem­ents hospitalie­rs sur la Côte. Une concentrat­ion sanitaire importante, donc beaucoup de transfusio­ns et trop peu de donneurs en proportion.

Le vaccin n’empêche pas

Avec une population vieillissa­nte, les contre-indication­s sont également plus courantes. Ne peuvent donner leur sang que des personnes en bonne santé, âgées de 70 ans au maximum et pesant plus de 50 kg. On souligne toutefois qu’une vaccinatio­n récente n’est pas un obstacle, contrairem­ent à un tatouage ou piercing, imposant un délai de quatre mois.

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? La région a besoin de 510 poches par jour, et n’en prélève que 330.
(Photo Sébastien Botella) La région a besoin de 510 poches par jour, et n’en prélève que 330.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco