Monaco-Matin

: « Je n’ai jamais cru que c’était lui »

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Raddad continue à planer ici, au fin fond du chemin de Saint-Barthélémy.

Intime conviction

« Ça nous a remués », confie cette voisine. Elle n’a pas connu Ghislaine Marchal. Son mari, si. « Il disait que c’était une dame très bien. » L’annonce du crime les a laissés abasourdis. « Avec les voisins, on s’appelait tous... » Tous tentent alors de comprendre. Ils n’imaginent pas que cette tragédie va défrayer la chronique durant des décennies. Cette voisine s’est forgé une intime conviction, à la lueur de sa connaissan­ce des lieux. Pour elle, non, Omar Raddad ne peut pas avoir tué Ghislaine Marchal le 23 juin 1991. « Vous avez vu le chemin ? Jamais on ne croise quelqu’un à pied. On circule toujours en voiture [ou en motocyclet­te, dans le cas d’Omar Raddad, Ndlr]. Ce pauvre type est soi-disant passé devant deux hommes qui papotaient. Ils l’auraient obligatoir­ement vu passer. Ils ont été interrogés, ils n’ont rien vu. Je trouve quand même ça bizarre... » Elle ne voit pas le jardinier marocain « aller tranquille­ment acheter son pain en bas », après avoir laissé pour morte sa patronne. Elle n’imagine pas davantage Ghislaine Marchal écrire «Omarm’a tuer » en lettres de sang, après avoir reçu quatorze coups d’arme blanche. Pour cette voisine, comme pour bien d’autres, « des tas de trucs n’ont pas été nets ». De quoi nourrir le spectre de l’erreur judiciaire.

« Imaginez sa vie »

Trente ans après, cette voisine éprouve « de la tristesse pour Mme Marchal... et pour ce type ». Elle approuve sa quête de réhabilita­tion. «Ila raison, pour ses enfants, pour tout. Si c’est lui qui l’a tuée et qu’ils en ont la preuve, Inch’ Allah. Mais si ce n’est pas lui, vous imaginez sa vie ? »

La cour d’assises a été formelle en 1994. La Cour de révision aussi, en 2002. En sera-t-il de même jeudi ? Cette voisine guettera la décision, depuis son « paradis » niché sur les hauteurs de Mougins. Un paradis devenu enfer, à l’aube de l’été 1991.

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