« Cela peut justifier des doutes, mais pas une révision »
Le 24 juin 2021, Me Sylvie Noachovitch déposait une requête en révision au nom d’Omar Raddad. Une date symbolique, trente ans jour pour jour après la découverte du corps de Ghislaine Marchal. Sa famille « n’a pas apprécié », rapporte son avocate, Me Anne Sevaux. « Nous subissons ces procédures qui ne sont pas d’une élégance extraordinaire… »
Pas question pour autant de polémiquer. Ni de s’exposer. La famille de la riche héritière s’est toujours tenue loin des débats enfiévrés autour du crime de Mougins. Quitte à laisser la défense semer le doute sur la culpabilité d’Omar Raddad. La pudeur bourgeoise, sans doute.
« Nous sommes parfaitement conscients de l’inaudibilité de notre position », admet Me Sevaux. Avocate au Conseil d’État et à la Cour de cassation, elle a ferraillé contre cette nouvelle offensive de la défense, à l’audience du 25 novembre. « Cela fait vingt ans que l’on doit réfuter les choses les plus farfelues.
Nous demeurons convaincus de la culpabilité d’Omar Raddad. »
« On lit son agonie »
Face à cette requête en révision, l’avocat général « a conclu que les conditions de saisine de la Cour n’étaient pas réunies. Néanmoins, il n’était pas contre des mesures d’investigation supplémentaires. » Me Sevaux pense qu’elles ne mèneront nulle part. Et que la découverte de nouvelles traces d’ADN ne prouve rien.
« Ces portes ont été manipulées, à mains nues et sans précautions, à plusieurs reprises : lors de la levée du corps, du procès, puis de la première requête en révision. Il y a eu énormément de pollution ! » Sur ces portes figurent les célèbres inscriptions « Omar m’a tuer » et« Omar m’a t » . En les lisant, « on lit l’agonie de Mme Marchal », estime Me Sevaux, citant le rapport d’une experte graphologue. Elle rappelle que la victime a succombé à un oedème cérébral dû aux coups de chevron. Et non à l’un des quatorze coups de couteau. L’avocate note « un contraste entre la façon très maladroite avec laquelle elle a été tuée et la sophistication de la mise en scène supposée par la défense. Le tiers scripteur est un fantôme qui n’existe que dans son imagination ! »
La main d’un fantôme
Pour la famille de Ghislaine Marchal, la vérité est ailleurs. Cette sexagénaire issue de la grande bourgeoisie, fille de Résistants, « très fière d’elle-même » ,aurait été surprise en peignoir par son jardinier marocain. « Nous pensons qu’elle a eu une réaction extrêmement brutale, et qu’il a réagi en prenant ce qu’il avait sous la main. »
Assommée, la victime aurait repris conscience et trouvé la force de désigner le tueur. Dur à croire ? Me Sevaux le concède : « Des insuffisances de l’enquête, il y en a. Cela peut justifier les doutes persistants, mais pas une révision. Nous serions contents si cela pouvait se terminer ! »