Monaco-Matin

« Il faut refaire un vrai travail d’enquête »

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En quoi la découverte de ces ADN justifie-t-elle une révision, à votre sens ?

Ces quatre ADN mélangés au sang de la victime sont absolument fondamenta­ux ! Deux d’entre eux m’intéressen­t particuliè­rement. L’un a « matché » avec le FNAEG (1). L’autre apparaît à 35 reprises sur la porte de la chaufferie et dans le tracé des lettres.

On ne peut pas parler là d’un « ADN de pollution » que l’on verrait ici et là sur la porte.

De quoi accréditer la thèse d’une mise en scène ?

Pour moi, c’est le meurtrier qui a écrit. Ces nouveaux éléments en sont la preuve évidente. Je ne comprends même pas comment on a pu s’engouffrer dans la thèse selon laquelle Mme Marchal l’aurait écrit. Les lettres sont parfaites, on a même pris soin d’écrire une apostrophe...

C’est quand même incroyable !

L’ancien procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, avait écarté la piste de l’ADN menant à un suspect fiché, car ça ne « matchait » pas...

On est revenu là-dessus. J’ai fait un recours, accueilli favorablem­ent par le parquet général d’Aix-en-Provence. En fait, cet ADN avait « matché » à 80 %. Le parquet général a ordonné au parquet de Nice, via le nouveau procureur M. Bonhomme, d’aller au bout des expertises. Il faut faire des recherches du portrait-robot et en parentèle, car il peut s’agir d’un parent éloigné. Moi, j’ai considéré que je disposais de suffisamme­nt d’éléments nouveaux pour saisir la Cour de révision.

Si Omar Raddad n’est pas le tueur, vers quelle piste orienter les recherches ?

Ce n’est pas le rôle d’Omar Raddad de donner sur un plateau d’argent le nom de l’assassin. Je ne suis pas là pour créer une deuxième erreur judiciaire. À partir du moment où il existe un doute simple, on doit réviser son procès. C’est le sens de la loi de 2014.

C’est aussi son dernier combat ?

Aujourd’hui, il pourrait se dire : « Je suis tranquille. J’ai bénéficié d’une grâce présidenti­elle. Tout le monde me considère comme innocent. » Eh bien non ! Il se bat parce qu’il est innocent. Il ne supporte pas l’idée d’être considéré comme le meurtrier de Mme Marchal. Sa vie est en sursis depuis la condamnati­on. L’opinion est de son côté, parce que c’est l’un des plus grands scandales du siècle !

Que peut-il se passer si votre requête est rejetée ?

Premièreme­nt, il y a toujours des expertises en cours au parquet de Nice. Deuxièmeme­nt, je ne peux pas imaginer que la Cour ne fasse pas droit à mes demandes, notamment de supplément d’informatio­n. On ne doit rien écarter. Il faut refaire un vrai travail d’enquête pour savoir qui a tué Mme Marchal. À un moment donné, il faut être réaliste : bien sûr que ce n’est pas Omar Raddad ! Ce n’est pas possible !

Dans quel état d’esprit est votre client, à la veille de la décision ?

Dans le même que moi : extrêmemen­t stressé, tout en ayant confiance en la justice. Il n’est pas possible que cela n’aille pas dans ce sens-là.

Il en va de l’image de la justice. La France doit montrer que l’on sait réparer ses erreurs.

1. Fichier national automatisé des empreintes génétiques.

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