Il n’y aura plus de pub sur les bus de la CARF
La décision, votée lors d’un conseil communautaire en février 2020, a pris effet le 7 juillet. Toutes les publicités sur les véhicules du réseau devraient être retirées d’ici la fin de la semaine.
La décision était passée relativement inaperçue. Lors d’un conseil communautaire le 3 février 2020, les élus de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (CARF) avaient voté à l’unanimité l’interdiction des publicités sur les véhicules du service de transport Zest – exploité par le groupe Keolis depuis 2019.
Mais il fallait attendre la fin des contrats en cours à la régie publicitaire. Soit la date butoir du 7 juillet dernier. D’ici les prochaines semaines, toutes les publicités affichées sur le réseau Zest seront donc déposées.
La raison ? « Rendre à nouveau disponibles ces espaces publicitaires ainsi que les écrans d’information à l’intérieur des autobus (smartdisplays, e-papers) pour les campagnes d’information et de communication de la CARF ainsi que celles de ses partenaires institutionnels » mais aussi « réduire l’impact visuel causé par les publicités grand for- mat situées à l’arrière des bus », indique l’agglomération.
Des campagnes XXL…
Informés de cette interdiction depuis février 2020, la régie publicitaire en contrat avec le délégataire Keolis tout comme certains commerçants qui faisaient usage de ces espaces publicitaires n’en sont pas moins restés perplexes. « Nous n’avons pas été mis au courant du pourquoi ou du comment », regrette Sébastien Loffredo, gérant de l’agence immobilière Grand Palais à Menton.
« Est-ce que c’est parce que le contrat avec la régie publicitaire arrivait à terme ? Si une autre société prend la relève, serons-nous prioritaires pour la vente des espaces ? Ou bien est-ce définitif ? », s’interroge le patron.
Sur le réseau Zest, Sébastien Loffredo avait entrepris une grande campagne publicitaire, n’hésitant pas à afficher son portrait en taille XXL à l’arrière des bus. « Cela se fait beaucoup aux États-Unis, justifie-t-il. C’est une bonne façon d’identifier la personne, de faire connaître les acteurs locaux. »
... À fort impact
Et pour cause, avec un passage dans toute la Riviera et jusqu’à Monaco, une campagne affichée sur un autobus Zest peut toucher jusqu’à 75 000 personnes par jour. Une stratégie d’un « certain coût », mais qui peut en valoir la peine. Le responsable de M.G. Couverture, une entreprise mentonnaise spécialisée dans la toiture, la charpente et l’isolation, en a fait l’expérience. « Lorsque j’ai créé mon entreprise, j’ai investi dans une campagne de ce type pendant un an , se souvient-il. Ça a eu un gros impact, j’avais énormément de retours. »
S’il n’a plus renouvelé l’opération depuis, ce gérant déplore, tout comme Sébastien Loffredo, une décision qui pourrait « impacter pas mal de commerçants ».
« Une mauvaise image de la Riviera »
« Nous étions au courant que le contrat prendrait fin puisqu’ils voulaient déjà l’arrêter en juin 2020 mais cela n’était juridiquement pas possible, commente, de son côté, Le Réseau Événementiel, l’entreprise de régie publicitaire. La justification qu’on nous a donnée était que cela donnait une mauvaise image de la Riviera. »
Même écho chez certains commerçants usagers qui évoquent le terme de « pollution visuelle ». « Pourtant, ça se fait ailleurs », argumente Sébastien Loffredo. Basé à Mâcon, Le Réseau Événementiel travaillait avec la compagnie Zest depuis une dizaine d’années et vendait des espaces publicitaires sur 35 bus auprès d’une vingtaine de clients dans le bassin mentonnais.
Le bassin de Menton, « bon marché »
« Nous avons toujours fait la meilleure proposition lors des appels d’offres, et c’était un réseau qui marchait très très bien, souligne la société. C’est dommage car c’était un bon marché pour nous, mais aussi un bon atout pour les commerces locaux, qui nous ont toujours confié avoir d’excellents retours. Aujourd’hui, ils ne comprennent pas pourquoi on leur enlève ce moyen de communication en sortie de crise, d’autant plus qu’il n’y a pas forcément d’autres solutions pour communiquer dans la région. »
Pour la régie implantée dans une quinzaine de communes en France, cette décision est « inédite ». Et elle pourrait aussi coûter au service de transport. Les redevances liées à la vente des espaces publicitaires et perçues par Keolis s’élevaient à 34 000 euros par an.
Un manque à gagner que la CARF devra combler d’après l’avenant signé en février 2020, indiquant que la contribution annuelle versée au délégataire augmentera de… 34 000 euros.
À titre d’exemple, en 2019, la contribution financière versée par la CARF à Keolis était de 3 388 150 euros.