Le scrutin oublié
Alors que les mondes politique et médiatique concentrent leurs regards sur les élections régionales des et juin, un autre scrutin passe sous leurs radars. Les élections départementales se dérouleront, pourtant, au même moment et permettront d’avoir une image beaucoup plus fine des rapports de force politiques dans le pays.
Avec le canton pour circonscription électorale, cette consultation est d’autant plus instructive qu’elle a été instaurée dès alors que les régionales n’ont vu le jour qu’en . Autant dire que la désignation des conseillers départementaux, appelés jusqu’en conseillers généraux, participe à l’histoire politique du pays et permet d’en mesurer les évolutions sur le long terme. Ce scrutin majoritaire binominal (on élit un tandem femme-homme) nous en apprendra donc plus sur l’état de l’électorat que des régionales devenues un champ de bataille pour la présidentielle, notamment pour Emmanuel Macron. Très local, il reflète en effet l’enracinement réel des partis dans les cantons que compte l’Hexagone. Il est le baromètre le plus précis de leurs forces et de leurs faiblesses. On comprend à l’examen de la situation actuelle que La République en marche (LREM) n’en fasse pas un enjeu national. Au même titre que La France insoumise (LFI) et les écologistes, ces formations ne sont pratiquement pas présentes dans ce pays profond plus rural qu’urbain. La dernière consultation de montre, comme les municipales de , que les partis traditionnels y tiennent encore le haut du pavé.
LR et les divers droite contrôlent départements ; le PS et ses alliés . Le vote de avait provoqué un violent basculement des conseils départementaux de la gauche vers la droite, à l’image de ce qui s’était aussi passé dans les régions à ce moment-là.
En apparence, le paysage a peu changé depuis cinq ans. Rien n’indique que LREM, LFI et même les Verts aient progressé de manière significative dans les circonscriptions cantonales. Il en va tout autrement du Rassemblement national (RN) ! Il s’y est implanté à bas bruit, utilisant la catégorie des divers droite pour avancer. A moitié masqué d’ailleurs, comme en témoigne la droitisation de bien des professions de foi sur les thèmes «insécurité/identité/immigration». Pour démontrer sa volonté de proximité, Marine Le Pen sera, d’ailleurs, candidate dans le canton d’Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais. Cette infiltration locale du RN portera-t-elle ses fruits? Son score dans ces départementales, tout comme celui des Républicains et du PS en diront tout autant, voire plus, sur l’état politique du pays que le show des régionales.
« Elections départementales : le paysage a peu changé depuis cinq ans. »