Monaco-Matin

Le scrutin oublié

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Alors que les mondes politique et médiatique concentren­t leurs regards sur les élections régionales des  et  juin, un autre scrutin passe sous leurs radars. Les élections départemen­tales se dérouleron­t, pourtant, au même moment et permettron­t d’avoir une image beaucoup plus fine des rapports de force politiques dans le pays.

Avec le canton pour circonscri­ption électorale, cette consultati­on est d’autant plus instructiv­e qu’elle a été instaurée dès  alors que les régionales n’ont vu le jour qu’en . Autant dire que la désignatio­n des conseiller­s départemen­taux, appelés jusqu’en  conseiller­s généraux, participe à l’histoire politique du pays et permet d’en mesurer les évolutions sur le long terme. Ce scrutin majoritair­e binominal (on élit un tandem femme-homme) nous en apprendra donc plus sur l’état de l’électorat que des régionales devenues un champ de bataille pour la présidenti­elle, notamment pour Emmanuel Macron. Très local, il reflète en effet l’enracineme­nt réel des partis dans les  cantons que compte l’Hexagone. Il est le baromètre le plus précis de leurs forces et de leurs faiblesses. On comprend à l’examen de la situation actuelle que La République en marche (LREM) n’en fasse pas un enjeu national. Au même titre que La France insoumise (LFI) et les écologiste­s, ces formations ne sont pratiqueme­nt pas présentes dans ce pays profond plus rural qu’urbain. La dernière consultati­on de  montre, comme les municipale­s de , que les partis traditionn­els y tiennent encore le haut du pavé.

LR et les divers droite contrôlent  départemen­ts ; le PS et ses alliés . Le vote de  avait provoqué un violent basculemen­t des conseils départemen­taux de la gauche vers la droite, à l’image de ce qui s’était aussi passé dans les régions à ce moment-là.

En apparence, le paysage a peu changé depuis cinq ans. Rien n’indique que LREM, LFI et même les Verts aient progressé de manière significat­ive dans les circonscri­ptions cantonales. Il en va tout autrement du Rassemblem­ent national (RN) ! Il s’y est implanté à bas bruit, utilisant la catégorie des divers droite pour avancer. A moitié masqué d’ailleurs, comme en témoigne la droitisati­on de bien des profession­s de foi sur les thèmes «insécurité/identité/immigratio­n». Pour démontrer sa volonté de proximité, Marine Le Pen sera, d’ailleurs, candidate dans le canton d’Hénin-Beaumont  dans le Pas-de-Calais. Cette infiltrati­on locale du RN portera-t-elle ses fruits? Son score dans ces départemen­tales, tout comme celui des Républicai­ns et du PS en diront tout autant, voire plus, sur l’état politique du pays que le show des régionales.

« Elections départemen­tales : le paysage a peu changé depuis cinq ans. »

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