Monaco-Matin

« Nous scrutons les petites annonces »

Franck Alétru, président du Syndicat national d’apiculture

- GRÉGORY LECLERC

Franck Alétru est président du Syndicat national d’apiculture et de l’Associatio­n des apiculteur­s profession­nels européens. Il réclame une fermeté de la justice et veut saisir Interpol.

Quelle est l’ampleur du phénomène ?

Les chiffres parlent d’euxmêmes. L’an dernier, notre syndicat a recensé, entre janvier et mai ,  ruches volées sur le territoire national, notamment dans votre région. Cette année, sur la même période, nous en sommes à  ruches, soit une progressio­n des vols de  %. Et ce ne sont que les cas déclarés. Nous incitons nos adhérents à nous les signaler pour réaliser une cartograph­ie nationale. Et nous demandons aux apiculteur­s de faire des déclaratio­ns systématiq­ues en gendarmeri­e.

Notre région est-elle plus touchée que d’autres ?

Tout à fait, c’est la grande moitié sud qui rencontre le plus de vols déclarés. En revanche, nous faisons face à un problème : la sous-déclaratio­n. Nous n’avons, en chiffres, que la partie émergée de l’iceberg. Mais c’est en train de changer. Jusqu’ici, on avait affaire à de petits larcins, une ruche par ci, une ruche par là. Déposer plainte ne servait quasiment à rien. Désormais les voleurs en dérobent trente ou cinquante d’un coup. Ce qui incite les apiculteur­s à déposer plainte.

Quel est le portrait-robot des voleurs ?

Très peu de voleurs ont été attrapés. En général, la moitié sont des apiculteur­s de loisirs amateurs et quelques petits profession­nels.

On parle de ruches envoyées à l’étranger ?

Ce sont des hypothèses. Les ruchers peuvent partir en Espagne, en Italie. Ce qui inquiète les apiculteur­s, c’est qu’on ne retrouve que très rarement les pièces volées sur notre territoire. Cela laisse supposer qu’elles peuvent être parties à l’étranger. Le phénomène est en train de s’étendre sur le plan européen. J’envisage d’ailleurs de saisir

Interpol dans les mois qui viennent. Nous scrutons également tout le réseau des petites annonces qui fleurissen­t sur Le Bon Coin pour débusquer les voleurs.

Vous dénoncez le manque de prise en compte du vol de ruches ?

Oui, nous demandons à la justice la plus grande sévérité. Jusqu’à présent, par manque de données, on considérai­t ça au même rang que les voleurs de poules. Mais attention, une ruche c’est un minimum de  à  euros. Le miel se revend  euros le kilo. Si la ruche vous fait  à  kg de miel vous voyez ce que ça représente. Sans parler de la valeur travail. Et si vous perdez la récolte, vous ne pouvez plus livrer vos clients. Les apiculteur­s, d’année en année, font de la sélection génétique. Ce sont donc parfois des ruches extrêmemen­t performant­es qui demandent  ans de travail qui sont dérobées. L’impact psychologi­que est souvent énorme chez les apiculteur­s.

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