Monaco-Matin

« Une voiture avec un énorme capital sympathie »

Patrice Vergès, historien de l’automobile

- PROPOS RECUEILLIS PAR DENIS CARREAUX

Renault a-t-il eu une bonne idée en relançant une R5 pour marquer une nouvelle stratégie et amorcer un virage technologi­que ?

Sans aucun doute. La démarche est comparable à celle de Fiat avec la 500 en 2007 : faire revivre un modèle à succès cinquante ans après, en jouant sur le mélange entre passé et modernité.

La Renault 5 est-elle si emblématiq­ue que cela pour les Français ?

Elle jouit d’un énorme capital sympathie. Lors de sa sortie, la R5 était novatrice, par sa ligne, ses couleurs pimpantes et son intérieur en skaï orange. C’était la première voiture avec des boucliers en plastique en guise de pare-chocs. A sa sortie, Renault a aussi innové en termes de communicat­ion en donnant à la R5 un visage humain. Dans les publicités, la R5 avait des pupilles dans les phares.

Une voiture sympa et pas chère ?

Contrairem­ent à ce qu’on pourrait penser, la R5 n’était pas spécialeme­nt bon marché. Renault a en quelque sorte inventé le concept de petite voiture premium, à l’image de la Mini aujourd’hui. Dans un couple qui avait réussi, la femme se devait d’avoir une R5 ! Le fait de la décliner en séries spéciales et en versions haut de gamme, Turbo et Alpine notamment, en a fait une voiture branchée, elle s’est quand même vendue à plus de 5,5 millions d’exemplaire­s.

Le futur modèle ressemble-t-il tant que ça à la Renault 5 ?

Pas vraiment. La silhouette, un peu, ainsi que les feux arrière qui sont d’ailleurs davantage ceux de la Supercinq que ceux de la première R5 de 1972 !

Le néo-rétro, ça marche encore ?

Oui. Notre société a tellement peur de l’avenir qu’elle se réfugie dans le passé.

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