L’horreur sans visage
Vous ne les verrez pas. Dans ces pages et sur nos sites Internet, nous ne publions ni les photos du terroriste ni celles des corps des victimes. Des clichés qui tournent pourtant en boucle sur les réseaux sociaux depuis jeudi. Ne pas relayer les images sanglantes de la basilique Notre-Dame est pour nous une évidence. Une question élémentaire de respect pour les victimes elles-mêmes, mais aussi pour leurs familles qu’on imagine traumatisées à l’idée que de telles photos puissent alimenter le flux parfois nauséabond des fils d’actualité et des messageries instantanées. Pour des raisons éthiques, nous avons de la même façon décidé de ne pas montrer le visage de l’assaillant. Il est hors de question de prendre le moindre risque de faire du bourreau de Notre-Dame un héros de la cause islamiste et de se rendre complices, à nos dépens, d’une forme de glorification médiatique malsaine. De notre point de vue, l’horreur doit désormais rester sans visage. Car nous en sommes conscients, la publication des photos du terroriste du juillet à Nice avait choqué des familles de victimes et heurté certains de nos lecteurs. Nous ne souhaitons pas que cela se reproduise. A l’inverse, nous avons choisi de publier et de mettre en valeur les photos et les portraits des trois victimes. De leur rendre hommage avec pudeur et respect en racontant leur histoire, en donnant la parole à ceux qui les connaissaient et qui les aimaient. C’est pour nous la meilleure manière de saluer leur mémoire.