William, ce bébé miraculé de Saint-Martin-Vésubie
Laëtitia Hafez, enceinte de 8 mois et demi, a été hélitreuillée, samedi, en direction de la maternité Santa-Maria à Nice. Angoisse, choc, puis bonheur : la jeune maman raconte son histoire
William. C’est le rayon de soleil qui a pointé le bout de son nez dans ce ciel assombri par Alex. C’est son bébé. Son miracle. Laetitia Hafez, 37 ans, a donné naissance, lundi, à son troisième enfant à la maternité de Lenval, Santa-Maria à Nice.
Le prénom qu’elle a donné à son bébé, tire sa signification dans le mot volonté. « Ça va très bien avec le contexte », sourit l’heureuse maman.
Laetitia vit avec Valérian Chesnel à Saint-Martin-Vésubie depuis janvier.
Et pendant la tempête, celle qui entamait son huitième mois et demi de grossesse a eu des contractions. « Heureusement, ça s’est calmé. Heureusement aussi, il n’y a rien eu de grave dans la maison par rapport à des gens qui ont tout perdu. Nous avons été épargnés par cette tempête effrayante », raconte la maman, depuis sa chambre de maternité niçoise.
L’alerte d’un secouriste
Le samedi matin, «avecmon compagnon, Valérian, on a décidé de descendre au village parce que nous n’avions plus d’eau pour nos deux enfants, Amon, 13 ans et Isis, 2 ans. Avant de s’installer dans la voiture, un secouriste nous a dit : “Ne prenez pas votre voiture ! Tout est coupé”. C’est lui qui a signalé à la mairie que j’étais enceinte, que j’avais eu des contractions la veille. » C’est comme ça que, samedi, Laëtitia a pu être hélitreuillée par les pompiers. Direction la maternité niçoise Santa-Maria.
« La première à quitter Saint-Martin »
Dans l’hélicoptère, accompagné d’un médecin, Laëtitia voit son village dévasté. « J’ai été la première, en fait, à quitter Saint-Martin. » Dans sa tête, tout se mélange. Elle pense à ses voisins, aux sinistrés. Tsunami d’émotions. « Je me dis que tout ça c’est pour mon bien. En même temps, je suis triste pour tout ce qu’il se passe. Et c’est égoïste mais je me dis que mon compagnon et mes deux enfants ne seront pas la priorité, que je ne vais pas pouvoir les voir avant un moment. J’ai peur d’accoucher toute seule ». Quand elle arrive, « le bébé va bien » et ce n’est pas pour tout de suite. Laëtitia passe le week-end chez les parents de Valérian, installés à Saint-Pierre-de-Féric, sur les hauteurs de Nice.
« Avoir aucune nouvelle du papa, de mes enfants, c’était très dur », arrive-t-elle à dire, alors que sa voix tremble.
Elle lance des appels à l’aide sur les réseaux sociaux. « SVP ramenez ma famille. » Dans la nuit de dimanche à lundi, les douleurs arrivent. « À 7 heures, j’ai réveillé mes beaux-parents parce que là, je sentais que ce n’était pas juste une alerte...»
« Il a pu voir son fils naître »
Émue, la Saint-Martinoise témoigne : « Valerian est arrivé 45 minutes avant l’accouchement, il a pu voir son fils naître » .Lepapa a, à son tour, lundi, été hélitreuillé avec les enfants Amon et Isis.
« En fin de journée, j’ai publié un autre message indiquant que nous étions réunis. Pour remercier aussi l’élan de solidarité car j’ai reçu énormément de messages. Comme nous avons quitté notre maison dans des conditions particulières – nous avons eu le droit qu’à une valise dans l’hélicoptère – j’ai aussi demandé un petit coup de main parce que nous manquons de vêtements. Et là encore, la solidarité est grandiose. Quand nous rentrerons à la maison, à notre tour, nous ferons don de ces vêtements aux personnes qui seront dans le besoin ».
Marquée par cette belle histoire, Laetitia compte, dans quelques années, raconter précisément à son fils à quel point, il a été «un bébé tempête » qui est né avec 20 jours d’avance.