Toujours plus de technologies au service des diabétiques
Le pancréas artificiel, composé d’un capteur de glycémie et d’une pompe à insuline connectés, est à portée de main. Le point sur les outils à disposition des patients
Durant le confinement, le service d’endocrinologie de l’hôpital Sainte Musse à Toulon a dû mettre en place des téléconsultations et de la télésurveillance pour suivre les personnes diabétiques. « Heureusement que nous avions déjà commencé à développer certaines technologies pour assurer le suivi de ces patients chroniques » indique le Dr Véronique Di Costanzo, qui dirige le service. Capteur glycémique enregistrant les données, connecté ou pas à une pompe à insuline : de nombreux progrès technologiques ont été mis à disposition des personnes diabétiques ces dernières années. D’autres arrivent.
Le capteur glycémique
Depuis plusieurs années déjà, finie la piqûre au bout du doigt pour surveiller sa glycémie. «On dispose désormais de capteurs, qui sont pris en charge par la Sécurité sociale pour les patients qui présentent un schéma insulinique optimisé – ceux qui doivent se piquer au moins quatre à cinq fois par jour – ou pour ceux qui portent une pompe à insuline externe » détaille le Dr Di Constanzo.
Placé sur la peau, ce capteur délivre les résultats sur un petit scanner de poche ou directement sur un smartphone. « Tout est enregistré, le patient a accès aux informations en direct et le médecin à distance » explique l’endocrinologue. La technologie permet désormais d’aller plus loin. Sur les trois modèles de capteurs actuellement disponibles en France, l’un peut être directement connecté à une pompe à insuline : un boîtier qui injecte en continu de l’insuline à la vitesse adéquate et qui est piloté soit par le patient « suffisamment formé », soit directement par le capteur.
Vers un pancréas artificiel
Ce type de capteur connecté à une pompe à insuline constitue ce que l’on appelle un pancréas artificiel, « une boucle fermée » capable de suppléer l’organe défaillant.
« Le capteur parle à la pompe et la pompe répond en adaptant la délivrance d’insuline, explique le Dr Di Costanzo. Cette boucle complète existe, mais elle n’est pas encore prise en charge en France. » Actuellement, l’un ce des capteurs donne accès à une boucle semicomplète : « C’est un capteur capable de déclencher une alarme et d’éviter une hypoglycémie sévère avant qu’elle survienne, limitant ainsi un risque grave puisqu’il peut déboucher sur un coma ou un décès » résume le Dr Di Costanzo.
Des logiciels de suivis de plus en plus intelligents
Ces technologies de pointe ne permettent cependant pas au patient d’être passif face à sa maladie : « La plupart des logiciels de suivi ne fonctionnent qu’en dehors des repas, prévient le Dr Di Costanzo. Il faut donc que le patient suive un stage d’insulinothérapie fonctionnelle assez pointu pour être capable de renseigner la pompe sur les quantités de glucides avalées au cours du repas, ce qui permet à la pompe de recalculer les quantités d’insuline à injecter. »
Le temps des logiciels intelligents viendra. « On s’achemine vers des systèmes intégrant aussi un podomètre, capables de prendre en compte l’activité physique en plus des repas. On aura alors une boucle totalement fermée. Elle existe déjà aux États-Unis. Nos patients devraient y avoir accès d’ici deux ou trois ans. »
Ces technologies sont destinées aux patients atteints de diabète de type 1 ou d’un diabète de type 2 insulino-requérant (autrement dit des patients dont le pancréas a cessé de fonctionner). « Mais il ne faut pas oublier que le diabète de type 2 est une pandémie liée à la malbouffe, à la sédentarité et à l’obésité, rappelle le Dr Di Costanzo. Il y a de plus en plus de patients. Il faudra aussi de plus en plus de médecins pour cette activité chronophage, qui permet certes d’assurer un meilleur suivi, mais qui prend plus de temps, à la fois pour éduquer les patients, mais aussi pour lire et interpréter les résultats de plus en plus complets fournis par les logiciels de suivi, jusqu’à quarante pages pour certains ! »