À la barre, le voleur prétend avoir trouvé un appareil photo
Il n’y avait pas photo pour le tribunal correctionnel. Un retraité de la SMA a bien volé un reflex numérique le juin , sur le quai Rainier-III. Pourtant, l’intéressé prétend toujours l’avoir trouvé ce même jour à proximité de la rampe d’accès de la digue flottante.
« Le boîtier était au sol »
Condamné par défaut à huit jours d’emprisonnement avec sursis au cours d’une précédente audience en son absence, le prévenu avait fait opposition au jugement. De retour à la barre, il clame encore son droit à l’image d’honnête homme sans reproche. Car c’est un comportement banal pour ce Comorien de ans. « Le boîtier était au sol, rappelle-t-il. J’ai regardé autour de moi. Il n’y avait personne. Alors, je l’ai ramassé pour offrir à la famille un cadeau à l’occasion d’un précédent retour au pays. »
Mais pour le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle (*), c’est bien un vol. « Vous ne deviez pas conserver cet objet. Il fallait le ramener à la Sûreté publique. Comme personne n’a rien vu, après la dénonciation de la victime, les enquêteurs ont exploité la vidéo des caméras de surveillance. On distingue le visage du suspect. Quand vous êtes contrôlé à la gare de Monaco, les policiers font le rapprochement avec la diffusion du portrait du personnage. C’est vous ! »
Ce résident de Beausoleil soutient mordicus qu’il n’a rien maraudé. Alors le magistrat fait appel au plaignant. Il assure que son x était bien posé sur le capot de sa voiture quand il s’est absenté un instant. Au retour, l’appareil avait disparu… Il a demandé le remboursement de l’appareil à la barre et du préjudice moral. Soit € (à la précédente audience, seulement € avaient été réclamés). La procureure Alexia Brianti n’est pas dupe au moment de requérir à nouveau une peine de dix jours d’emprisonnement assortie du sursis. « Nous n’avons pas la même lecture du vol que le prévenu. On ne s’approprie pas un objet qui ne nous appartient pas. La démarche honnête était de le remettre à la police au service spécialisé pour tout ce qui est trouvé sur la voie publique. La première condamnation était adaptée pour un appareil qui est surtout un outil de travail. Les propos de ce personnage ne sont pas convaincants. »
Cinq jours d’emprisonnement avec sursis et € à verser
La défense rage en silence et refuse des demi-mesures. Car Me Charles Lécuyer a la conviction que son client n’a commis aucun vol et réclame une plus juste mesure. « Voler, c’est soustraire frauduleusement et intentionnellement. Or, dans cette affaire, il n’y a ni repère ni attente de la part du prévenu. Ce retraité est passé à côté des poubelles où se trouvait l’appareil photo. Dix-sept minutes se sont écoulées après l’avoir pris. Donc il n’a rien dérobé et il doit être relaxé. Une peine avec sursis me paraît sévère. Quant aux demandes de la partie civile, elles sont dérangeantes ». Le tribunal en tiendra compte. À l’issue du délibéré, Il a prononcé une peine de cinq jours avec sursis et une somme de € pour la partie civile.