Une « rigueur bénéfique », sans hausse des impôts
Malgré 11,5M€ de pertes de recettes déjà estimées, liées à la crise du coronavirus, la municipalité entend maintenir les investissements prévus, sans augmenter la fiscalité locale
Il va encore falloir serrer les boulons. Forcément. Mais les serrer intelligemment, pour que la relance économique ne soit pas asphyxiée. Une « rigueur bénéfique », telle que l’a qualifiée le maire David Lisnard, lors de l’examen des finances en conseil municipal. À savoir maîtriser la dette, ne pas augmenter les impôts et maintenir le niveau des investissements : pas simple !
La chute libre
Car le contexte économique de la pandémie coronavirus est évidemment catastrophique. Il engendre une perte de 11 % du PIB (Produit Intérieur Brut) national, qui porte la dette de la France à plus de 121 % de son PIB.
À Cannes, le fameux « effet ciseau » rattrape la cité, alors qu’il était évité depuis le début de mandat Lisnard. L’augmentation des dépenses de fonctionnement (+ 0,32 %) liée aux moyens déployés contre le risque sanitaire) et les pertes de recettes (taxes de séjour et droits de mutation en chute) s’accompagnent d’une forte baisse des recettes.
« Les dépenses que nous n’avons pas faites en raison de l’arrêt de l’activité annulent presque les dépenses supplémentaires liées à la crise, mais les recettes, elles, sont en chute libre », constate-t-on à l’hôtel de ville. Ainsi, la fréquentation touristique en berne et « l’immobilisme immobilier » ont provoqué une perte de recettes de 6,6 M€.
La baisse atteint les - 2,62 % sur le budget 2020 par rapport à 2019.
L’effet domino est également certain : le Palais des Festivals, révélateur de l’activité touristique, affiche un chiffre d’affaires en berne de 25 M€ par rapport à 2019. Le coût global du Covid-19 est estimé à 11,5 M€ pour l’ensemble des budgets communaux (21 M€ en ajoutant les pertes de l’agglomération Cannes-Pays de Lérins). La destination « Cannes » aurait subi un total induit de 500 M€ en moins.
La casse est limitée
Tableau digne de Sisyphe, où « l’on repart de moins de zéro en 2020 », estime le maire David Lisnard. Par chance, l’orthodoxie budgétaire des dernières années paye. Et limite la casse. Le compte administratif 2019 laisse ainsi apparaître un excédent de 53 M€ ,qui va évidemment fondre dans le nouvel exercice. Ce dernier s’établit à 461 M€. Avec des incertitudes liées à l’évolution du risque sanitaire.
« On verra si fin 2020, la pompe de l’activité événementielle reprend, mais dans le meilleur des cas, le niveau des affaires sera inférieur à une année normale telle que 2019 », prévient le 1er édile.
La relance
Il faudra donc se serrer encore la ceinture, avec une nouvelle réorganisation des services municipaux. Trouver des subventions (4,7 M€ sont attendus) aux projets. Ralentir la baisse de l’endettement (-1 M€), avec des efforts de renégociation. Les subventions aux associations seront « ajustées aux besoins réels de ces structures. Pour contenir l’effet ciseau, sans augmenter la fiscalité, nous allons chercher la dépense efficace, trouver le bon levier économique , annonce DL, qui confirme un plan de 71 M€ d’investissement. « Il faut continuer de construire et d’embellir la Ville, cela renforce son attractivité, améliorer la vie quotidienne et garantir la reprise économique ».