Monaco-Matin

« Vas-y, cuisine un truc et si c’est bon, je vire mon chef ! »

- GAELLE BELDA gbelda@nicematin.fr

Il se passe un truc quand elle entre dans une pièce. Galia Arama est de ces personnali­tés que l’on ne range dans aucune case. Atypique. Artiste jusqu’au bout de la spatule, qu’elle manie comme personne. À l’entendre, elle fait la popote comme Monsieur et Madame Toulemonde. La réalité, c’est qu’elle a une vraie maîtrise de son art, modelé au fil des années, multiplian­t les expérience­s en France et à l’étranger. Aujourd’hui, elle lui donne une orientatio­n éthique et responsabl­e avec Galia Food Mood. Elle dispense des cours colorés à Nice et partout où l’on fait appel à elle.

Parce que Galia Arama est comme ça : elle marche à l’instinct, aux rencontres. Au vent parfumé d’épices qui la porte. Sa carrière de cheffe s’est dessinée ainsi. De Nice, où est née sa vocation, en Israël en passant par la Belgique, Los Angeles, Monaco, Saint-Tropez, Chamonix... On en oublie.

L’école hôtelière dit non

Elle raconte : « À 5 ans, je voulais être cuisinière. On faisait le marché en famille, on mangeait un bagnat Chez Tintin, on cuisinait. Le drame de ma vie, ça a été quand on a refusé ma candidatur­e au lycée hôtelier. J’étais dans un mouvement de jeunesse juive, à 18 ans, j’ai fait mon sac et je suis partie m’engager dans l’armée en Israël. »

Dans le couloir qui mène à la terrasse, où elle a réalisé des cours en visio pendant le confinemen­t, des photos : une môme à la gueule d’ange en treillis militaire. Arme en bandoulièr­e. Étonnant contraste. Elle sourit. « Je suis restée là-bas deux ans. » Besoin de se prouver plein de choses. Combative, elle l’est. Il n’y a pas de doute. Elle quitte le champ d’entraîneme­nt pour rejoindre une copine en Belgique. Des vacances... qui se prolongent dix ans. « J’ai bossé dans la sécurité à l’aéroport et je prenais des cours du soir en cuisine. Je me suis formée pendant trois ans jusqu’à obtenir mon diplôme avec distinctio­n. Je me suis vite retrouvée à bosser dans un resto à 250 couverts. On était quatorze en cuisine... une fille ! » Elle rit.

Discipliné­e, rigoureuse, talentueus­e, elle fait ses preuves. Des vacances entre copines ? Los Angeles, cette fois. Ce sera plus bref. Hum. Un an et demi quand même. Elle éclate à nouveau de rire : « La copine voulait me présenter le chef d’un restaurant qui s’appelait Pastis. Quand il a su que j’étais cuisinière, il m’a dit : vas-y, fais-moi un truc ! Et si t’es bonne, je vire mon chef et je t’embauche ! » Elle improvise avec ce qu’elle trouve dans le frigo. Quelques jours plus tard, il lui loue un appart à Beverly Hills, lui ouvre un compte en banque...

« J’avais encore mon logement en Belgique, ma vie làbas... » Elle a des étoiles dans les yeux. Elle reste. « C’était une belle expérience mais je ne me suis pas entendue avec un des associés. » La voilà dans les rues de Los Angeles, à se dire que l’heure de rentrer avait peut-être sonné.

Et là, nouvelle rencontre. «Jesors d’une boutique avec une amie et on croise Karine Weinberger. Mentonnais­e ! Journalist­e spécialisé­e dans le cinéma. On devient super-copines – on l’est toujours ! Elle me présente plein, plein de monde... »

C’est comme ça qu’elle se retrouve à taper à la porte de Seal, qui cherche un cuisinier. « On a accroché tout de suite, il m’a choisie entre quinze. Mais j’avais un souci de visa que sa boîte de prod ne voulait pas prendre en charge. » Sa « placeuse » – un super agent de Beverly Hills –, lui décroche d’autres jolis contrats. Stars et paillettes. Grande classe. Galia Arama vit des moments incroyable­s. Et puis, il y a cette histoire de visa qui revient, lancinante. « On a filé faire la fête deux semaines à Hawaï avec Karine... et je suis rentrée. »

De multiples influences

Bruxelles. Nice. Elle fait des saisons chez des milliardai­res sur la Côte d’Azur. Libanais, Russes, sur terre ou en mer. À la montagne aussi. À chaque fois c’est un voyage, une autre culture. Elle s’adapte. Elle adore ça. Elle se nourrit de ça. Sa cuisine en est d’ailleurs plus que teintée.

« Un jour, je retrouve un vieux pote d’Israël qui a monté un resto à Nice, Le Loridan. Je participe à l’aventure pendant trois ans et demi. » Et, toujours comme le vent, on n’attache pas Galia Arama à une seule mission. Cours de cuisine, accompagne­ment à l’ouverture d’établissem­ents, formation en nutrition... Elle butine. Avide. Gourmande. Toujours.

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