Cueillir la rose pour Dior, ils adorent
Cette année, la rose de Plascassier tient toutes ses promesses olfactives. Une note de litchi en plus, affirme la Grassoise Carole Biancalana, l’un des quarante producteurs du pays grassois historique
Elle est cueillie le matin, lorsque son coeur est bien jaune et ses pétales d’un fuchsia éclatant. « Vous entendez ce petit claquement ? » Salima invite à tendre l’oreille : sur ce dernier soupir, la rose cueillie s’en va rejoindre ses amies dans la poche du tablier en lin, siglé Dior, de la saisonnière grassoise. A 54 ans, c’est sa première cueillette. Et elle vient d’attraper le virus : ce bonheur si particulier d’être au milieu des champs de fleurs sur la propriété familiale de Carole Biancalana, hameau de Plascassier, à Grasse. Et pour Dior en plus, elle adore !
% d’un récolte habituelle
« Cette année, la quantité sera moyenne. On ne sera qu’à 40 % d’une récolte habituelle. Il a fait très doux en février. Mais les boutons sortis ont pris un retour de froid. La cueillette se prolongera cependant jusqu’en juin sur certaines parcelles où des tiges grillées sont reparties », affirme la patronne du Domaine de Manon, qui travaille aux côtés d’une douzaine de saisonniers dont certains, comme Véronique, sont fidèles depuis 20 ans. Mais la productrice, parmi les quarante que compte le pays grassois historique, de La Colle à Fayence, et qui travaillent tous sous contrat individuel, se réjouit de la qualité de ses roses.
Circuit court, plaisir XXL
« En plus des notes de miel, poivre et agrume si spécifiques à la rose, elle dégage un subtil parfum de litchi », analyse l’ancienne présidente de l’association « Fleurs d’exception », qui a participé à la relance de la plante à parfum dans les Alpes-Maritimes. Cette qualité grassoise a été repérée par les grands parfumeurs depuis quelques années. Chanel chez certains, Dior chez les Biancalana dont les récoltes journalières sont apportées à l’usine Robertet, au Plan-de-Grasse. L’industriel les transforme en absolu. Il faut 700 kilos de fleurs pour réaliser 1 kilo du précieux concentré qui passe de l’usine au laboratoire du nez de la maison Dior, François Demachy, installé à Grasse par LVMH. Une chaîne de production ultracourte, pour un plaisir olfactif XXL.