Monaco-Matin

Sapeurs-pompiers et aidessoign­ants contre le Covid

À Puget-Théniers, Luc et Loïc prennent soin de patients fragiles à l’hôpital, tout en secourant leurs concitoyen­s en tant que pompiers volontaire­s. Un dévouement puissance 2

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Malgré leur blouse blanche et la lumière des gyrophares, ils oeuvrent dans l’ombre. Premiers de cordée de la crise sanitaire, ils partagent leur temps entre le foyer d’accueil psychiatri­que de l’hôpital de Puget-Théniers et le centre d’incendie de secours. Leurs missions : aider les plus fragiles tout en faisant barrière au virus. Engagés sur deux fronts malgré les risques. Dans chacune de leurs missions, ils ont dû s’adapter à la menace du coronaviru­s, « À l’hôpital, il y a un Ehpad et le foyer d’accueil psychiatri­que où avec Luc, on travaille de nuit, décrit Loïc Boulo, 48 ans, aide-soignant. Très vite, il a fallu demander aux patients de rester dans leur chambre, ce qui a provoqué chez eux de l’angoisse supplément­aire. »

Adultes fragilisés par leur souffrance psychique et leurs traitement­s médicament­eux, ils ont dû renoncer aux balades dans la ville. «Il faut vraiment les féliciter parce que ça se passe plutôt bien », encourage Loïck.

Du « positif »

Luc Bernadou, 43 ans, avoue avoir eu « une grosse appréhensi­on » avant de faire appliquer les nouvelles règles de confinemen­t. Il garde surtout « le positif » de cette crise sans précédent : « Ça a permis de mettre en exergue certaines de nos carences et du coup de nous améliorer, notamment en termes d’hygiène. Et surtout on a vu la solidarité de tous les agents. »

Le personnel a annulé ses congés, enfilé gants et charlotte pour distribuer les repas à chaque pensionnai­re à cause de la fermeture du réfectoire. Autant d’efforts payants puisque le Covid-19 semble épargné les

Pugétois. « Le loup n’est pas entré dans la bergerie » ,devise, Loïc, sans crier victoire, sachant combien la situation est fragile.

Une fois la blouse blanche raccrochée, Loïc et Luc restent au service de la collectivi­té. Ils enfilent leur uniforme bleu de sapeurs-pompiers volontaire­s. Là encore, il a fallu s’adapter à la nouvelle menace invisible, suivre une formation, changer leurs habitudes.

« Un protocole a été mis en place avec une ambulance dédiée au Covid », précise Loïc Boulo, qui prend des gardes deux jours par semaine.

« Se sentir utile »

L’aide-soignant, originaire de Bretagne, a rejoint les rangs des sapeurs-pompiers il y a six mois seulement : « Je trouvais cette activité complément­aire de mon métier. Une autre manière de me sentir utile. »

Luc Bernadou a davantage d’expérience sous le casque puisqu’il a rejoint le centre de secours il y a trois ans : « Cinq jours par mois, cinq à dix nuits, je suis inscrit sur le tableau de garde. C’est une autre vocation assez similaire à celle du secteur médico-social. Avec l’excitation en plus, il ne faut pas le cacher, de l’interventi­on d’urgence. »

Malgré l’appréhensi­on de contracter le virus (tous deux sont pères), ils continuent leur travail obscur et se retrouvent soudain mis en lumière par ces circonstan­ces exceptionn­elles. Cela changera-t-il demain leur quotidien ? «Ilyacertes, une reconnaiss­ance. Il y aura peut-être une prime mais quand le danger aura disparu, on reprendra notre statut de soignants », prédit Luc, sans se faire d’illusions. Même analyse de Loïc : «Vu l’état de la France, il ne faut pas rêver mais une revalorisa­tion salariale, je ne dis pas non ! On s’aperçoit qu’il y a plein de petits boulots essentiels pour que notre système, au final, tienne le choc. »

 ??  ?? Loïc et Luc sur deux fronts depuis le début de l’épidémie, de jour comme de nuit. (Photos Service départemen­tal d’incendie et de secours)
Loïc et Luc sur deux fronts depuis le début de l’épidémie, de jour comme de nuit. (Photos Service départemen­tal d’incendie et de secours)
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