Sapeurs-pompiers et aidessoignants contre le Covid
À Puget-Théniers, Luc et Loïc prennent soin de patients fragiles à l’hôpital, tout en secourant leurs concitoyens en tant que pompiers volontaires. Un dévouement puissance 2
Malgré leur blouse blanche et la lumière des gyrophares, ils oeuvrent dans l’ombre. Premiers de cordée de la crise sanitaire, ils partagent leur temps entre le foyer d’accueil psychiatrique de l’hôpital de Puget-Théniers et le centre d’incendie de secours. Leurs missions : aider les plus fragiles tout en faisant barrière au virus. Engagés sur deux fronts malgré les risques. Dans chacune de leurs missions, ils ont dû s’adapter à la menace du coronavirus, « À l’hôpital, il y a un Ehpad et le foyer d’accueil psychiatrique où avec Luc, on travaille de nuit, décrit Loïc Boulo, 48 ans, aide-soignant. Très vite, il a fallu demander aux patients de rester dans leur chambre, ce qui a provoqué chez eux de l’angoisse supplémentaire. »
Adultes fragilisés par leur souffrance psychique et leurs traitements médicamenteux, ils ont dû renoncer aux balades dans la ville. «Il faut vraiment les féliciter parce que ça se passe plutôt bien », encourage Loïck.
Du « positif »
Luc Bernadou, 43 ans, avoue avoir eu « une grosse appréhension » avant de faire appliquer les nouvelles règles de confinement. Il garde surtout « le positif » de cette crise sans précédent : « Ça a permis de mettre en exergue certaines de nos carences et du coup de nous améliorer, notamment en termes d’hygiène. Et surtout on a vu la solidarité de tous les agents. »
Le personnel a annulé ses congés, enfilé gants et charlotte pour distribuer les repas à chaque pensionnaire à cause de la fermeture du réfectoire. Autant d’efforts payants puisque le Covid-19 semble épargné les
Pugétois. « Le loup n’est pas entré dans la bergerie » ,devise, Loïc, sans crier victoire, sachant combien la situation est fragile.
Une fois la blouse blanche raccrochée, Loïc et Luc restent au service de la collectivité. Ils enfilent leur uniforme bleu de sapeurs-pompiers volontaires. Là encore, il a fallu s’adapter à la nouvelle menace invisible, suivre une formation, changer leurs habitudes.
« Un protocole a été mis en place avec une ambulance dédiée au Covid », précise Loïc Boulo, qui prend des gardes deux jours par semaine.
« Se sentir utile »
L’aide-soignant, originaire de Bretagne, a rejoint les rangs des sapeurs-pompiers il y a six mois seulement : « Je trouvais cette activité complémentaire de mon métier. Une autre manière de me sentir utile. »
Luc Bernadou a davantage d’expérience sous le casque puisqu’il a rejoint le centre de secours il y a trois ans : « Cinq jours par mois, cinq à dix nuits, je suis inscrit sur le tableau de garde. C’est une autre vocation assez similaire à celle du secteur médico-social. Avec l’excitation en plus, il ne faut pas le cacher, de l’intervention d’urgence. »
Malgré l’appréhension de contracter le virus (tous deux sont pères), ils continuent leur travail obscur et se retrouvent soudain mis en lumière par ces circonstances exceptionnelles. Cela changera-t-il demain leur quotidien ? «Ilyacertes, une reconnaissance. Il y aura peut-être une prime mais quand le danger aura disparu, on reprendra notre statut de soignants », prédit Luc, sans se faire d’illusions. Même analyse de Loïc : «Vu l’état de la France, il ne faut pas rêver mais une revalorisation salariale, je ne dis pas non ! On s’aperçoit qu’il y a plein de petits boulots essentiels pour que notre système, au final, tienne le choc. »