Monaco-Matin

Gilbert : « Jamais je n’aurais cru que

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Pour l’état civil, c’est Joseph. Mais on ne le connaît que sous son prénom d’usage. Gilbert Bensoussan, né le 10 janvier 1920 en Algérie, à Nice depuis 1962, vivait encore tout récemment dans son appartemen­t. Avec la visite quotidienn­e d’une infirmière et l’aide régulière d’une auxiliaire de vie. Depuis quatre mois dans un Ehpad sur les hauteurs de Nice, il regrette un peu l’indépendan­ce que ce rythme lui apportait : «Aujourd’hui, j’ai un peu l’impression d’être en prison. » On y prend soin de lui. Ce qui ne semble pas très difficile : il est d’humeur égale et d’un tempéramen­t volontaire. Bien qu’ayant dû renoncer à la marche après une mauvaise chute, il paraît dix ans de moins, n’affiche quasiment aucune ride, à peine est-il un peu dur d’oreille. Son fils Fernand, 62 ans, décrypte ses dernières analyses médicales : « Pas un gramme de cholestéro­l, 13,7 de tension et la vue d’un jeune homme. Il n’a jamais été malade, ne s’est jamais rien cassé, n’a jamais été opéré. » Gilbert corrige : « Ah si, une fois. Les castagnett­es, à dix-neuf ans ! »

Croix de Guerre, ce centenaire s’est illustré en 3945. Le Débarqueme­nt de Provence, trois citations, aucune blessure. Il est dynamique, rieur, avenant et même galant « si l’occasion se présente ».

La vie ne l’a pas épargné, comme on le dit pudiquemen­t de celles et ceux qui ont bien « dérouillé ». Sa femme s’est éteinte il y a plus d’un demi-siècle. Il a survécu à deux autres compagnes. Avait

‘‘ déjà perdu une grande partie de sa famille, décimée par la tuberculos­e. Et en 1963, sur l’avenue Borriglion­e, ses trois enfants ont été gravement blessés dans un accident de bus, fatal à son beau-père. Une tragédie.

La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie ”

« Gros bosseur »

« La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. C’est ce qu’il a toujours dit » ,sesouvient sa fille Josette, qui ajoute en s’amusant : «Josette, Fernand, notre père n’a pas été très bon sur les prénoms… »

« Gros bosseur mais gestionnai­re médiocre », selon Fernand, Gilbert Bensoussan est persuadé de devoir à son rythme soutenu une longévité dont il est le premier à s’étonner. « Jamais je n’aurais cru que j’aurais un jour cent ans », assure le

En 1978, deux individus ont attaqué Gilbert Bensoussan à la porte de son domicile, alors qu’il détenait dans une sacoche la recette de la journée. Ligoté avec le fil du téléphone, intimidé, frappé, il a vu sa dernière heure arriver. « L’un de ses agresseurs hurlait à l’autre de le tuer », raconte son fils. Les malfaiteur­s n’ont jamais été identifiés.

« À toute vitesse » Malgré tout, le centenaire dit être « content » de l’existence que «ledestin» lui a donnée. Il a fumé un paquet de cigarettes jusqu’à l’âge de cinquante ans. Fernand raconte : «Ilyadeux

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À dix ans, Gilbert effectuait déjà des livraisons pour son père, épicier à Oran. (Photo F. L.)

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