Macron dans le potage municipal
Dans sa vision ‘’nouveau monde’’, Emmanuel Macron semblait croire qu’il pourrait sauter à pieds joints par-dessus les élections municipales de mars. Mais le vieux monde a la vie dure. Comme tous ses prédécesseurs, le chef de l’Etat a donc dû se jeter dans le potage municipal qu’en vérité il surveille de près depuis longtemps.
Jusqu’à présent, cependant, redoutant que ce scrutin soit défavorable à ses grenadiers de La République en Marche (LREM), il s’y intéressait sans donner l’air d’y toucher. Depuis quelques jours, il a tombé le masque. D’abord, en poussant ses ministres à partir plus nombreux à la bataille. Une dizaine d’entre-eux sont déjà en lice mais se retrouvent parfois dans des situations cocasses. A Biarritz, deux membres du gouvernement sont à présent face à face : Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture, ancien
proche de François Hollande, qui abandonne son fief drômois d’autrefois, pour la côte basque ; Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat chargé du tourisme, venu de chez Les Républicains juppéistes (LR), numéro sur la liste officielle de LREM conduite par un proche de François Bayrou.
L’ancien Drômois pourrait y perdre assez vite son maroquin. Bref, en perspective, une division de plus dans une majorité qui voit, par ailleurs, son groupe
« Le pire est à Paris. Candidat de l’Elysée, Benjamin Grivaux est défié par un marcheur emblématique, le mathématicien Cyril Villani. »
parlementaire fondre au rythme d’un député par mois.
Autre terrain de dispute : Lyon et sa métropole transformées en pétaudière.
Gérard Collomb, soutenu par le chef de l’Etat, vise la métropole mais est confronté à David Kimelfeld, défendu par bien des marcheurs locaux.
Même situation pour la ville elle-même, où se déchirent marcheurs officiels et marcheurs dissidents.
Le pire est à Paris. Candidat de l’Elysée, Benjamin Grivaux est défié par un marcheur emblématique, le mathématicien Cyril Villani.
Une zizanie fatale dans les sondages qui enregistrent le retour de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, et de sa rivale LR, Rachida Dati.
Au départ, dans la capitale, la partie semblait facile pour la macronie. En , Paris avait massivement voté Macron. Depuis dimanche soir, ce combat paraît presque perdu. Au crépuscule, le chef de l’Etat convoque Villani pour qu’il renonce. Chou blanc ! A peine sorti de l’Elysée, le mathématicien confirme sa candidature et se retrouve viré de LREM. Il s’en moque. Et souligne ainsi la faiblesse d’un parti marcheur sans autorité et mal implanté dans le pays.
La rébellion de Cyril Villani, homme libre, est en outre dévastatrice pour l’Elysée. Elle souligne que le charisme personnel du Président n’opère plus. Et que son autorité est entamée. Bref un crime de lèse-majesté qui augure mal des ides de mars.