Retraites : l’exécutif veut « reprendre le dialogue »
Affichant un ton résolument conciliant, le gouvernement a multiplié, hier, les appels du pied pour apaiser les discussions avec les syndicats
Au lendemain de la présentation du projet de réforme des retraites qui a suscité l’ire du dirigeant de la CFDT, Laurent Berger, le Premier ministre a souhaité, hier, «reprendre rapidement le dialogue » avec les partenaires sociaux, tandis que la grève semblait partie pour durer dans les transports publics. Edouard Philippe s’est engagé à appeler les partenaires sociaux dès hier aprèsmidi afin de « voir avec eux comment reprendre rapidement le dialogue » sur la réforme des retraites. « J’ai noté ce matin la demande de certains partenaires sociaux et notamment de Laurent Berger qu’une réunion soit organisée à Matignon. Je l’ai dit hier [mercredi, ndlr] : ma porte est ouverte et ma main est tendue », a-til insisté sur Twitter.
Fin des régimes spéciaux, « âge d’équilibre » à64ans, entrée dans le système à points à partir de la génération née en 1975... M. Philippe avait détaillé, mercredi, le contenu du futur « système universel de retraite » par points, assurant que « tout le monde serait gagnant ».
Laurent Berger, favorable à un système universel par points mais fermement opposé à un allongement de la durée de cotisation via un « âge d’équilibre », avait immédiatement dénoncé le franchissement d’une « ligne rouge » et demandé au gouvernement de revenir sur ce point.
La CFDT, la CFTC et l’Unsa, elles aussi favorables à un régime universel, ont adressé jeudi au gouvernement une liste de sujets à leurs yeux « cruciaux », dont la pénibilité ou la retraite progressive. Ces trois syndicats ont appelé à rejoindre la mobilisation prévue dans la rue le 17 à l’initiative de la CGT, FO, la FSU et Solidaires ainsi que d’organisations de jeunesse.
« Prêt à discuter»
Hier matin, gouvernement et majorité avaient multiplié les appels du pied pour que la CFDT accepte de reprendre la négociation. «Jesuis prêt à discuter, évidemment qu’on va discuter » , a répondu Laurent Berger. Mais, a-t-il averti, « vouloir être constructif, ça ne veut pas dire se laisser marcher dessus ».
Le gouvernement a « fait une proposition et maintenant il y a une concertation qui doit se faire », a déclaré Emmanuel Macron, interrogé par la presse avant le début d’un sommet européen à Bruxelles.
La mobilisation contre la réforme des retraites est entrée, hier, dans sa deuxième semaine et des manifestations étaient organisées partout en France, réunissant plusieurs dizaines de milliers de personnes. A Marseille, où les enseignants étaient en nombre, une pancarte affichait une photo de Me Yoda, le vieux sage de Star Wars, avec le slogan : « Enseigner jusqu’à 900 ans tu pourras ».
Plusieurs milliers de personnes ont aussi défilé dans le calme à Paris, à la lumière des fumigènes roses des cheminots.
Les manifestants étaient entre 3 et 9 000 à Lyon selon les sources, 2 à 6 000 à Bordeaux, entre 2 700 et 7 000 à Rouen... A Brest, sous une pluie battante, les manifestants scandaient : « Le temps est pourri, la retraite à points aussi ! »
Pas de trêve à Noël ?
« Aujourd’hui c’est une manif pour montrer qu’on est toujours là et qu’on ne va pas permettre au gouvernement de continuer la casse sociale, mais la prochaine grosse mobilisation, c’est mardi », avertissait à Montpellier Raoul, 37 ans, enseignant en lycée. Dans les transports en commun, le trafic restait très perturbé et peu de changements étaient attendus aujourd’hui. Il n’y aura «pasde trêve pour Noël sauf si le gouvernement revient à la raison » en retirant son projet, a prévenu le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, en tête de la contestation.