Monaco-Matin

Comme on se retrouve

Pour la première fois depuis son départ du club en juin 2016, Claude Puel recroise la route de l’OGC Nice qu’il a qualifié deux fois pour la Ligue Europa. En quatre saisons, il a changé le club

- VINCENT MENICHINI

Il est le coach de la bascule. Celui qui a permis à l’OGC Nice de passer d’une équipe bâtie pour le maintien à une formation capable de se qualifier une saison sur deux pour la Coupe d’Europe. Claude Puel avait eu le cran de l’annoncer, dès juin 2012, au moment d’être intronisé manager général du club. Quatre ans plus tard, remplacé par Lucien Favre après plusieurs semaines de négociatio­ns tendues puis rompues avec le duo Rivère-Fournier, il laissait un héritage colossal et un club quatrième de Ligue 1 au soir d’un match inoubliabl­e entre Nice et... SaintEtien­ne, qu’il entraîne depuis début octobre.

Une rancoeur tenace

En quelques semaines, Puel a remis de l’ordre dans la maison verte dans le style qui le caractéris­e. La feuille de route est tracée. Les jeunes jouent en nombre. Le projet se veut clair, net et précis et ce n’est pas une éliminatio­n précoce en Ligue Europa qui va fragiliser l’entreprise de Puel, le bâtisseur. “CP” n’a rien laissé au hasard. Il a intégré le conseil d’administra­tion, rapatrié Xavier Thuilot, connu à Lille, pour occuper le poste de directeur général et lui assurer une prise directe au sein de l’état-major. Puel aime donner le ton et être la tête pensante d’un projet global. Il ne craint rien, supporte comme peu de coachs la pression et sait tisser des liens forts avec ses joueurs qui ne gardent souvent que le meilleur de leur expérience, malgré des mésentente­s.

A Nice, sa relation avec la direction s’est tendue au fil des mois. A la fin de la saison 2015-2016, celle marquée par la renaissanc­e de Hatem Ben Arfa, à qui il avait accordé une totale liberté, et un fonds de jeu savoureux, elle était même devenue impossible, conduisant à sa non-prolongati­on et l’arrivée de Lucien Favre. Puel n’a jamais accepté le licencieme­nt de Grégoire, son fils aîné, à l’été 2015, ni la mise à l’écart de Paulin, le cadet, après son départ. Trois ans plus tard, il n’a rien oublié. Il ne pense plus beaucoup de bien de Julien Fournier et de Jean-Pierre Rivère qu’il surnommait « Bébel ». Ce dernier lui avait pourtant apporté son soutien au coeur d’une série de sept défaites consécutiv­es à l’automne 2013. Aujourd’hui encore, “JPR” et

“JF” n’ont aucun mal à reconnaîtr­e que Puel a changé le visage du Gym, posé les bases du renouveau mais ils n’ont toujours pas compris son jusqu’au-boutisme.

« Arrêter avec Claude était un risque »

« On vit encore sur les murs porteurs que Claude Puel a érigés, confiait Julien Fournier, en octobre 2018, dans France Football. Je n’ai pas de mots pour dire à quel point Claude a compté pour le club. Arrêter avec Claude était un risque mais je pense que c’était la bonne décision. C’était le moment pour un entraîneur (Lucien Favre, ndlr) qui apporte autre chose. »

Invité pour l’inaugurati­on du centre d’entraîneme­nt en octobre 2017, dossier sur lequel il s’était beaucoup investi, Puel avait passé son tour. Ce n’est qu’au printemps dernier qu’il est venu visiter les nouveaux locaux. Le duo Rivère-Fournier n’était plus là. Ce soir, la poignée de mains - s’il y en a une - risque d’être glaciale entre les trois hommes. Après deux expérience­s en Premier League (Southampto­n et Leicester), Puel s’imaginait poursuivre sa carrière d’entraîneur à l’étranger, en Espagne de préférence. Il s’est finalement résolu à reprendre du service en Ligue 1. Cela aurait pu être à Monaco, où il fut tout près de s’engager fin septembre, mais Leonardo Jardim a gagné le match qu’il fallait, le derby contre Nice. Sur ce point, Claude Puel a très envie de l’imiter.

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(Photo S. Botella) Claude Puel (ici avec Frédéric Gioria, son adjoint) a entraîné l’OGC Nice de  à .
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