Monaco-Matin

Casse au Carlton : vers le procès des responsabi­lités

En 2013, le Carlton était le théâtre d’un vol à main armée de 103 M€ de bijoux. La Lloyd’s de Londres, assureur du joaillier, a assigné l’hôtel et la société de sécurité. L’affaire jugée au printemps

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

Cent trois millions d’euros dérobés en moins de quarante-cinq secondes. Un braquage hors normes vite baptisé « casse du siècle » au Carlton, qu’ont filmé les caméras du célèbre hôtel de la Croisette. Il est 11h28, ce dimanche 28 juillet 2013. Un homme en short et tee-shirt noir, chaussette­s et besace blanches, foulard sur le visage, pénètre d’un pas tranquille dans l’Interconti­nental Carlton Cannes jusqu’au salon qui accueille « Extraordin­ary Diamonds ». Cette exposition d’exception de bijoux de grande rareté, qui se tient depuis quelques jours, est organisée par le joaillier russo-israélien Lev Leviev en partenaria­t avec le diamantair­e Levant de Dubaï. Les hôtesses viennent à peine de déposer les sacs de bijoux qu’elles s’apprêtent à installer dans les vitrines blindées.

Le braqueur pointe une arme sur le personnel et les agents de sécurité présents. Rafle un sac et un coffret en quelques secondes. Et disparaît par la baie vitrée (ouverte !) pour sauter dans la rue Einesy. Ce sont 72 pièces, pierres précieuses, pendentifs et bagues, qui viennent de s’envoler. Pour le montant faramineux de 103 M€.

Sécurité défaillant­e ?

Immédiatem­ent après le braquage, la polémique enfle sur les conditions de sécurité et de surveillan­ce de cette exposition de grande valeur. Comment un tel casse avait pu se produire ? Les responsabi­lités, la Lloyd’s de Londres, compagnie d’assurances du joaillier Leviev, entend bien les mettre au jour. L’assureur anglais qui avait même proposé une prime de 1M€ pour qui pourrait fournir des informatio­ns, est passé à l’action judiciaire. En se retournant contre la SNC Carlton Danube Cannes, contre l’entreprise privée de gardiennag­e et de sécurité cannoise BSL en charge de la surveillan­ce de l’exposition, contre le co-organisate­ur Levant et contre la SA Allianz I.A.R.D.

Hier matin, l’affaire devait être examinée par le tribunal de commerce de Cannes. Mais à la demande des avocats, l’affaire a été renvoyée au 12 mars 2020 pour clôturer du dossier. Avant les plaidoirie­s des parties qui devraient intervenir quelques semaines après. Des millions d’euros sont en jeu. Y a-t-il eu des défaillanc­es ? De la part de qui ? De vraies questions se posent quant aux préparatif­s de l’événement, le quatrième organisé par le tandem Leviev-Levant au Carlton. La société de sécurité BSL a notamment argué qu’elle ignorait l’extraordin­aire valeur des objets exposés. De même que le commissari­at de Cannes n’a jamais été prévenu de cette exposition à haut risque comme c’est habituelle­ment le cas. Presque sept ans après les faits, l’audience du printemps prochain devra faire la lumière sur les arcanes d’un des casses les plus faramineux de l’histoire.

Quant au braqueur, il est encore introuvabl­e...

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