Monaco-Matin

François Valéry : « J’étais ringard, je suis devenu culte ! »

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr Aimons-nous vivants ou respectons nos morts ? Rugby ou foot ? Joy ou Emmanuelle ? Michèle Torr ou Line Renaud ?

tout l’amour reçu par le public depuis quaranteci­nq piges, je peux mourir demain matin, sans problème...»

C’est un monument, qui n’est toujours pas en péril. L’incarnatio­n d’une certaine variétoche française. Années soixante-dixquatre vingt, dont il ne reste presque plus rien. L’époque des disques d’or et de platine, que l’on s’arrachait dès leur sortie. L’ère du Midem tout puissant, où les stars de la chanson se pavanaient sous le regard énamouré des femmes, aux hurlements de fans. Il y avait Claude François, Michel Sardou, Johnny... Et puis François Valéry. Success story d’un enfant déraciné d’Algérie (Oran, juin 1962 est incontourn­able en concert). Débarqué à Toulon avec sa mère et ses six autres enfants. Gueule d’ange et musicien autodidact­e, qui a su croire en son talent.

« À la base, je voulais être footballeu­r pro, mais avec l’âge d’aller voir les filles…, sourit ce séducteur devant l’éternel, qui se dit néanmoins fidèle. Ma mère m’avait acheté une guitare, et sans connaître une seule note de solfège, j’ai composé mes premiers accords ».

En 1974, le voilà qui a rendez-vous avec Jean-Pierre Barkoff, l’attaché de presse de Stone et Charden, mais aussi Mike Brant, présent ce jour-là. « Mon premier ange gardien. Il a écouté ma démo, puis a dit : la chanson n’est pas terrible, mais ce jeune a quelque chos e». Chanson d’été, son premier hit, suivra

dans la foulée. Avant bien d’autres (Le Prince d’amour, Lady music, Dormir avec toi, Elle danse Marie, C’est la même chanson…). Pour lui, ou composés pour d’autres. Michèle Torr, Line Renaud, Dalida, Corinne Hermès, Jeane Manson, Hervé Vilard, Lova Moor... figurent à son hit-parade perso.

« Avec Mamma Corsica, Patrick Fiori a fini quatrième à l’Eurovision, et j’ai même fait entrer Jean Marais au top 50, c’est pas rien quand même ! ».

Le secret d’une bonne chanson ? « Je ne sais pas si c’est forcément une chanson qui se vend, et je n’ai pas de recette. Mais je me levais avec une idée et une mélodie en tête, que je devais tout de suite enregistre­r. J’étais jeune, je dormais quasiment avec ma guitare, je ne faisais que ça du matin au soir ». Son nom de scène, François Valéry né Jean-Louis Mougeot, le doit à la prédiction d’une voyante. En lui donnant les prénoms des deux Présidents (l’un en exercice, l’autre futur élu), elle n’imaginait quand même pas le destin qui attendait ce gamin âgé de 20 ans.

« Mes producteur­s de l’époque pensaient que je n’étais qu’un chanteur gadget et qu’avec ma belle gueule, je n’allais durer qu’un seul été. Mais j’ai eu la chance de connaître le succès tôt, et de vivre de mon métier depuis. ».

L’éclosion d’un nouveau Clo-Clo, blond-minet à l’énergie électrique ? « Quand j’ai démarré, on m’a évidemment comparé à Claude François. Puis, quand j’ai réalisé des musiques de films, j’étais le nouveau Ennio Morricone. Mais à l’arrivée, je ne suis que moi...», souligne celui qui a rendu inoubliabl­e Joy, un film érotique (« une horreur absolue ! ») dont la B.O. a consacré le genre. Certes, l’arrêt de sa comédie musicale en 2001, L’ombre d’un géant, a affaibli l’homme et meurtri l’artiste. Tout comme les insuccès et come-back ratés, auxquels il n’était pas habitué. Et même au faîte de sa gloire, les Inrocks ou Libé n’ont jamais publié son portrait : «Ils m’ont snobé, j’étais ringard, mais aujourd’hui, je suis devenu culte ! » La preuve avec Aimons nous vivants, l’hymne (entêtant) de plusieurs génération­s. Plus de quarante-cinq ans de carrière, toujours esclave de la musique, François Valéry. Une maîtresse qu’il ne saurait quitter.

« Aujourd’hui, je pourrais continuer de vivre sur mes droits d’auteur, mais je donne toujours des concerts car je n’ai pas envie de m’emmerder sur mon canapé ! ».

Tout sourire, il nous fait écouter la belle reprise d’un morceau, qu’il a réarrangé : Dis-lui, en hommage à Mike Brant : la boucle est bouclée. (François) Mitterrand, ou (Valéry) Giscard d’Estaing ? Ni l’un ni l’autre. J’aimais plutôt Chirac, que j’ai mieux connu. Mais la politique… Si on s’aime vivant, on est obligé de respecter nos morts. Le foot, mais j’aime la mentalité du rugby. Les deux. Joy, c’était mon premier titre pour un film, j’en suis très fier. Mais Emmanuelle a marqué la fin des années quatre-vingt.

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(Photo Clément Tiberghien) Depuis sa terrasse sur les hauteurs de Cannes, François Valéry se prépare pour les concerts de sa nouvelle tournée, qui passera par la Corse en septembre, après le Suquet demain, samedi  août, à la veille de son soixantequ­atrième anniversai­re : « Avec

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