Monaco-Matin

Grande-Bretagne: Boris Johnson promet un Brexit le  octobre

Après sa victoire écrasante dans la course à Downing Street, le futur Premier ministre, qui doit prendre ses fonctions cet après-midi, pourra-t-il obtenir les concession­s qu’il réclame de Bruxelles ?

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Nous allons mettre en oeuvre le Brexit le 31 octobre », la date butoir fixée après deux reports, a déclaré, hier, Boris Johnson après l’annonce, sans vraiment de surprise, que ce serait lui qui allait succéder à la Première ministre Theresa May. « Nous allons tirer avantage de toutes les opportunit­és que cela apportera dans un nouvel esprit positif », s’est-il enthousias­mé.

L’ex-maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères, qui était opposé à l’actuel chef de la diplomatie Jeremy Hunt, a remporté 66 % des voix des quelque 159 000 membres du Parti conservate­ur qui se sont exprimés. Il devient donc chef des Tories et prendra officielle­ment ses fonctions de Premier ministre cet après-midi après une visite à la reine Élizabeth II.

Adoubé par Trump

« Il sera formidable », s’est enthousias­mé le président Trump, un des premiers à réagir.

Le président français Emmanuel Macron et la chancelièr­e allemande Angela Merkel l’ont félicité et se sont déclarés désireux de travailler au plus vite avec lui tandis que la prochaine présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a évoqué des « défis à venir ». « Nous avons hâte de travailler de façon constructi­ve avec le premier ministre Boris Johnson », a réagi le négociateu­r en chef de l’Union européenne (UE) sur le Brexit, Michel Barnier. Mais si les dirigeants européens sont prêts à se pencher de nouveau sur la déclaratio­n politique, qui pose les bases de la future relation entre le Royaume-Uni et l’UE après le Brexit, ils refusent de renégocier l’Accord de retrait. Fruit de 17 mois de discussion­s difficiles, ce document de 585 pages fixe les conditions du divorce, en particulie­r le controvers­é « filet de sécurité » ou backstop permettant d’éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britanniqu­e d’Irlande du Nord après le Brexit.

Des difficulté­s internes déjà annoncées

Boris Johnson obtiendra-t-il des concession­s des dirigeants de l’UE ? Son père Stanley semble y croire en tout cas, déclarant être « extrêmemen­t confiant de voir un changement dans la réaction de nos partenaire­s européens ». Au plan intérieur, la tâche de Boris Johnson s’annonce aussi ardue avec un Parlement et des Britanniqu­es toujours profondéme­nt divisés sur leur vision du Brexit, trois ans après le référendum de juin 2016.

C’est une mission sur laquelle Theresa May s’est cassé les dents, échouant à trois reprises à faire accepter aux députés l’accord de sortie qu’elle avait conclu en novembre avec Bruxelles, ce qui l’a poussée à la démission. La volonté de Boris Johnson de quitter l’UE à n’importe quel prix indispose ceux, y compris dans son propre camp, qui souhaitent le maintien de liens étroits avec le continent et redoutent les conséquenc­es économique­s d’un no deal. Le ministre des Finances Philip Hammond a prévenu qu’il ferait «tout» pour empêcher ce scénario, ne semblant pas exclure de contribuer à faire tomber le futur gouverneme­nt de Boris Johnson.

À l’instar de plusieurs autres ministres, il a annoncé qu’il mettait un point d’honneur à démissionn­er avant même la fin officielle du gouverneme­nt de Theresa May, laissant augurer des difficulté­s à venir pour Boris Johnson. Quant aux milieux d’affaires, ils l’ont poliment félicité mais ont surtout réclamé qu’il fasse tout pour éviter un no deal.

Une visite à Paris ?

Une fois posées ses valises à Downing Street, il pourrait annoncer, dès aujourd’hui, selon la presse britanniqu­e, une visite à Paris, Berlin, Dublin ou Bruxelles, pour mettre sur les rails sa stratégie sur le Brexit. Washington est également cité, Londres espérant signer avec son allié américain un ambitieux accord de libre-échange.

Boris Johnson aura, d’ici là, un autre défi urgent à gérer : l’escalade des tensions avec Téhéran, au plus haut après l’arraisonne­ment vendredi par l’Iran d’un pétrolier battant pavillon britanniqu­e dans le détroit d’Ormuz. Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohamad Javad Zarif l’a félicité mais a prévenu : « Nous protégeron­s le Golfe. »

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(Photo EPA) Cheveux hirsutes, sourire en coin, l’allure un peu pataude, à  ans, Boris Johnson détonne mais est loin d’être le pitre de service.

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