« J’ai tout vendu, dans trois semaines je suis dans la rue ! »
Quand un couple n’est pas encore séparé, même si une procédure est en cours, la situation abonde en conflits permanents. Illustration : le conjoint n’a pas versé pendant plus de deux mois une pension alimentaire fixée par décision de justice. Comme le délit est intentionnel, il est poursuivi pour abandon de famille.
€ de pension alimentaire par mois
C’est l’infraction dénoncée à la barre du tribunal correctionnel par la plaignante. Un arrêt de la cour d’appel du 19 décembre 2017, en effet, a condamné l’époux à payer une pension alimentaire de 25 000 € mensuels pour l’année 2018. Depuis la sentence, le mari s’est enfui de Monaco. Aujourd’hui, il réside en Ukraine. À ce niveau, les conditions sont réunies et le débiteur encourt inévitablement des sanctions pénales. Mais en attendant, cette femme, sans avoir touché le moindre kopeck sur les 300 000 € revendiqués, peut espérer quoi ? À l’audience, la demanderesse répond sans éluder aux questions posées par le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle. Elle se laisse même aller à des confidences poignantes : « J’ai tout vendu ce qui me restait pour vivre. Dans trois semaines je suis dans la rue… » La partie civile, portée par Me Thomas Giaccardi, vient épauler cette épouse désespérée.
« Une fortune de millions d’euros »
« Le siège du prévenu est vide ! C’est sa stratégie pour ignorer, nier, ce mariage de trente ans. Dès son départ, cet homme a accaparé l’intégralité des avoirs du couple. On parle même d’une fortune de 500 millions d’euros, dont ma cliente n’a aucun moyen de prendre ne serait-ce qu’une pièce de monnaie. Vous devez prononcer une décision contraignante ! Une peine d’emprisonnement avec mandat d’arrêt serait le seul moyen pour qu’il vienne s’expliquer devant votre tribunal sur cette spoliation. Enfin, il cessera de se cacher en Ukraine… »
Brièvement, dans ses réquisitions, le procureur Alexia Brianti s’en rapportera à la sagesse du tribunal.
À l’issue d’un long délibéré, la formation collégiale a condamné le prévenu au versement de 8 000 € d’amende, a reçu la constitution de partie civile mais débouté la plaignante de sa demande.