Pour en finir avec la peur la honte et le silence
« On constate une plus grande dureté dans la violence depuis quelque temps. Voire de la barbarie », confie Florence, responsable de l’association « Accueil femmes solidarité »
Des femmes pour s’occuper des femmes. Mais pas n’importe lesquelles. Ces femmes niées. Anéanties... Il faut en prendre soin. Avec délicatesse et discrétion. Tout leur réapprendre ou presque. La notion de plaisir. La confiance en elles. La liberté. Il faut recueillir les paroles. Douloureuses. Doser l’écoute et mesurer les réponses... C’est un job, mieux, un sacerdoce, où l’on marche sur des oeufs. Rue Dabray à Nice, elles savent faire ces femmes qui prennent sous leurs ailes les autres femmes.
La honte, la peur le silence
« Accueil femmes solidarité » est un lieu à part. Où l’on ne veut plus que le silence, la honte, la peur règnent en maître. Ça avance. « La parole des femmes victimes de violence s’est libérée », entame Florence, coordinatrice, responsable de la structure. Mais il reste tant de travail à faire. « L’affaire mee too et sa médiatisation ont été bénéfiques, ça, je peux le dire, sans aucun doute. Mais je sais que ce n’est que le début de quelque chose. Et que le chemin est encore long. Vous savez pour nous le 8 mars, c’est tous les jours », souffle la responsable.
Ici, les bénévoles, comme Liliane, ou les conseillères et stagiaires comme Jade et Muriel, reçoivent, en moyenne, 280 femmes par an. « 80 % d’entre elles sont de nouvelles arrivantes », précise Florence. Et passer la porte, c’est le début d’un processus. Qui peut être extrêmement long. « Pour s’en sortir, pour redevenir entièrement libre, ça prend autant de temps que l’emprise a duré », commente Florence. La violence sur le long terme. Et son intensité. «On constate une plus grande dureté dans la violence depuis quelque temps. Voire de la barbarie » se désole-telle. Mais elle y croit : « L’affaire Weinstein a mis en lumière ces pratiques dans le milieu du cinéma. Le journal L’Équipe a pris parti en publiant en juin 2018 quatre pages sur une femme battue, l’ex-compagne d’un footballeur. Cela a permis une prise de conscience dans le monde footballistique aussi. Maintenant il faut que tous les milieux professionnels comme les grandes entreprises passent le pas elles aussi ».
Une morte tous les deux jours en
Pour Florence, les chiffres sont de plus en plus inquiétants : « Les statistiques nationales disent qu’une femme meurt sous les coups tous les deux jours et demi. Mais en 2019, c’est une femme tous les deux jours qui a été tuée par un homme. Il faut savoir aussi qu’en 2010, 2012, 2013 et 2015, le département des Alpes-Maritimes était le plus touché de France. C’est un terrible palmarès qui prouve tout le travail encore à effectuer ». Notamment, assure Florence, en termes de banalisation. « Jusqu’en 2010 les violences faites aux femmes, c’était un sujet tabou. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, pour autant le sujet est encore trop banalisé. Même certaines femmes le banalisent », déplore-t-elle. « Il faut aussi une prise de conscience à ce niveau-là ». Et elle martèle, « les femmes doivent savoir que des gens sont là pour les écouter, les aider. Notre fédération nationale a mis en place un numéro d’appel le 3919. Et nous lançons une campagne : #contrelesfrappes avec Adil Rami » . Le joueur de foot s’engage pour cette cause qui lui tient à coeur avec la Fédération nationale solidarité femmes.