Grand Débat : les maires attendent toujours d’être mieux considérés
Ils ont joué le jeu, mais ne sont pas dupes. C’est sans grand enthousiasme que les élus des associations des maires et des maires ruraux des Alpes-Maritimes ont apporté leur contribution au Grand Débat national. De l’aveu des édiles présents à l’assemblée générale des deux structures mardi à Nice, les remontées de terrain à travers les cahiers de doléances mis à disposition dans les mairies sont finalement assez pauvres. «Touta été transmis au Président de la République, aux présidents des chambres et au préfet », précisent Jean-Paul David, président de l’association des maires ruraux des Alpes-Maritimes et Honoré Colomas, président des maires du département qui ont également « fait remonter » les résolutions nationales de leurs deux structures. Rédigée en septembre 2018, avant le mouvement des « gilets jaunes », celle de l’association des maires ruraux s’intitulait de manière prémonitoire « Appel à l’action et à la révolte ». Car ce soulèvement populaire, les maires assurent l’avoir vu venir. « On sentait cette colère monter, explique le maire du Rouret, Gérald Lombardo. On l’avait d’ailleurs exprimé de manière très claire. » À l’époque, « celle du mépris affiché par Emmanuel Macron à l’égard des maires » , les élus n’avaient pas été entendus.
« On commence à nous regarder différemment »
Quelques mois plus tard, après plusieurs semaines de crise et alors qu’Emmanuel Macron s’affiche au milieu d’élus ceints de l’écharpe tricolore dans des gymnases pleins à craquer, sont-ils davantage considérés ? « Jusqu’à présent, nous étions mal traités. Aujourd’hui, on commence à nous regarder différemment », constate Denis Leiboff, la maire de Lieuche. Une pointe d’optimisme également dans la bouche de JeanPaul David : « Les maires sont en train de revenir dans le jeu. Je suis convaincu que nous allons être relégitimés à la fin du débat. Ce qui me rassure, c’est que pour 54 % des Français, le maire reste le premier pilier de la démocratie. » Un rôle de premier plan trop peu valorisé aux yeux des élus. « Sacerdose ». « Sacrifices ». « Bénévolat ». Les mêmes mots reviennent en boucle. « Le travail de l’élu de base doit être davantage reconnu, estime Huguette Layet, la maire de Castellar. Nous sommes mobilisés et disponibles pour nos administrés 24/24h, samedi et dimanche compris. » Et quand les élus locaux sont montrés du doigt sur l’air du « tous pourris », c’en est vraiment trop. « Ces gens-là se rendent-ils compte que certains d’entre nous renoncent à leurs maigres indemnités compte tenu du faible budget de leur commune ? ». A l’agacement puis la lassitude succède alors la résignation. « Beaucoup ne brigueront pas un nouveau mandat et certains sont déjà tentés de démissionner », avertit Honoré Colomas qui poursuit dans un soupir : « avoir cette vie-là et être traités comme des voyous...»