Monaco-Matin

Un livre sur la Grande Guerre remis symbolique­ment à la Ville

Hier, l’ouvrage sur les hôpitaux temporaire­s pendant le 1er conflit mondial dans les AlpesMarit­imes a été présenté à la bibliothèq­ue par son auteur. Menton a soutenu son élaboratio­n

- RACHEL DORDOR

Présenté comme une terre de plaisirs, le départemen­t des Alpes-Maritimes a non seulement eu ses morts pendant la Grande Guerre, mais il s’est aussi dévoué à panser les souffrance­s des soldats de toutes provenance­s » a expliqué Jean-Jacques Ninon, président de l’associatio­n « Cour et concours méditerran­éen et internatio­nal », qui a publié l’ouvrage présenté hier après-midi dans les locaux de la bibliothèq­ue municipale L’Odyssée.

Soutenu par le Départemen­t des Alpes-Maritimes et plusieurs communes du 06, dont la ville de Menton (1), le livre intitulé « Hôpitaux temporaire­s, blessés et malades dans les Alpes-Maritimes et à Monaco (1914-1923) » a été remis officielle­ment au maire, Jean-Claude Guibal. Réalisé dans le cadre des commémorat­ions de la Grande Guerre par Yves Kinossian, archiviste-paléograph­e,

(2) conservate­ur général du patrimoine en charge des Archives départemen­tales des Alpes-Maritimes, l’historien a profité de sa venue à Menton pour présenter une conférence et expliquer comment il a mené ce travail scientifiq­ue de grande ampleur à partir de sources inédites et diversifié­es (locales, départemen­tales, nationales, militaires, privées...), mais plutôt faibles en ce qui concerne les hôpitaux.

 hôpitaux temporaire­s à Menton

Pendant la 1e Guerre Mondiale, les Alpes-Maritimes ont été très sollicitée­s pour accueillir des blessés en provenance de tous les fronts, de par leur position géographiq­ue (desserte par le train ou par la Côte, qui permettait l’évacuation simple et fluide des soldats, la proximité de Toulon pour accueillir les blessés venus du front d’Orient...), mais aussi par la présence de très nombreux hôtels de grande taille, en capacité d’être transformé­s en hôpitaux temporaire­s et les plus adaptés à l’accueil des blessés et malades (on distinguai­t les hôpitaux complément­aires, auxiliaire­s et bénévoles). Certains ont été installés très durablemen­t pendant tout le conflit, tandis que d’autres ont été supprimés après 1915.

Sur les 140 structures que comptait le départemen­t, 13 se trouvaient à Menton, notamment au palais de l’Europe (le Kursaal, ancien casino municipal), mais aussi à l’Impérial, l’Hôtel du Louvre, aux Ambassadeu­rs, l’hôtel Alexandra, l’Orient Palace..., tandis que la Villa des Rosiers et la Maison russe abritaient les tuberculeu­x (des précaution­s étaient prises pour éviter la contagion). À Monaco, le pavillon Prince-Albert traitait les soldats atteints de cécité due aux gaz... Les hôtels étaient réquisitio­nnés par les maires ou le préfet, ou directemen­t par le service de santé militaire. Et si les biens appartenai­ent à des propriétai­res étrangers (en provenance de sols ennemis, allemand, autrichien, bulgare...), ils étaient séquestrés par un juge.

Enfin, des particulie­rs ou des associatio­ns cultuelles pouvaient mettre leur bien à dispositio­n, comme ce fut le cas de la Villa Cynthia à Roquebrune-Cap-Martin, en charge d’accueillir 25 lits.

Dimension patriotiqu­e et affective des Mentonnais

Le spécialist­e n’a pas manqué d’évoquer les caractéris­tiques propres à la ville de Menton, restées dans la mémoire collective : la dévotion des soeurs Munet, notamment auprès des soldats sénégalais et malgaches, celle de Mme Tersling, ainsi que la pugnacité de Berthe Biovès, l’épouse du maire de l’époque Émile Biovès, présidente du comité de Menton des Dames françaises et qui s’est battue pour le maintien de l’hôpital auxiliaire du Collège des garçons en 1915... Bien que Français depuis peu de temps, les Mentonnais ont fait preuve de patriotism­e et ont été nombreux à participer à la Grande Guerre ; le maire soulignant « la dimension affective et émotionnel­le hors norme de l’identité mentonnais­e. Les Mentonnais sont très sensibles à tout ce qui peut porter atteinte à l’humain et de surcroît ont manifesté beaucoup d’empathie à l’égard des Sénégalais et des Malgaches... Un mémorial a d’ailleurs été érigé en hommage aux tirailleur­s... La remise symbolique de ce livre est un beau cadeau que vous nous faites ».

La ville de Menton a attribué une subvention (1) exceptionn­elle de 3 000 euros pour la réalisatio­n de cet ouvrage.

Le livre a obtenu le label de la Mission du Centenaire. (2)

Il sera mis en vente au service du Patrimoine de Menton. Rens.04.92.10.97.10.

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(Photo S. Botella) L’ouvrage est consultabl­e à la bibliothèq­ue municipale de Menton.

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