Michel Petrucciani toujours au sommet vingt ans après
Les hommages nationaux se succèdent pour célébrer la mémoire de cette légende du jazz. Son père prépare depuis Toulon un livre sur les coulisses de la relation avec son fils
Le 6 janvier 1999 à New York, Michel Petrucciani quittait prématurément ce monde à l’âge de 36 ans, victime d’une infection pulmonaire foudroyante. Le prix DjangoReinhardt 1981 est sans doute l’un des plus illustres pianistes de jazz français de la seconde moitié du XXe siècle. Inhumé à Paris, au cimetière du Père-Lachaise, celui que l’on surnommait le « French wonder boy » du piano jazz vécut jusqu’à 18 ans à Toulon. Les hommages varois ne se bousculeront pourtant pas au portillon pour cette seconde décennie anniversaire... Un silence qui fait tonner son père toulonnais Tony Petrucciani (lire ci-dessous) mais n’irrite pas vraiment son frère, Philippe, qui veut positiver en regardant au-delà du département.
Au nom du frère
« C’est déjà bien que l’on ait pensé à Michel car en 2009 les événements étaient quasi inexistants. Cette année, de France musique à TSF jazz, nombre de radios s’y mettent, Jazz magazine lui consacre un dossier de 30 pages... Il y a aussi ce concert avec un superbe plateau à La Seine musicale (lire ci-dessous) et même un événement à l’étranger avec le Grey Cat Jazz festival de Follonica en Italie. Son directeur artistique, le saxophoniste Stefano Cantini a joué avec Michel et a voulu une édition qui lui soit entièrement dédiée cet été », se réjouit Philippe. Le guitariste qui réside à La Garde s’y produira. Mais avant cela, il sera l’invité de Rencontre jazz & littérature à Saint-Jean-Cap-Ferrat pour un concert composé de standards de son frère repris avec le Trio On air, salle Charlie Chaplin, le 18 janvier. L’autre frère, Louis Petrucciani investira le Rouge Belle de Mai de Marseille le 25 janvier pour une soirée similaire. Mais le summum reste l’hommage familial réunissant Tony et ses deux fils assortis à un batteur, programmé au Palais des princes d’Orange en octobre. Ville où Michel poussa sa première note (vocale) le 28 décembre 1962. Une soirée qui pourrait bien connaître une avant-première varoise cet été à Hyères selon le paternel... Ajoutons à ce déluge de notes bleues, la sortie d’une intégrale Dreyfus Jazz – douze albums et trois DVD – réuni dans un coffret, la compilation Colors (BMG) ce 11 janvier ainsi qu’un Best of compilé par les labels Blue note et Owl records
à paraître le 25 janvier chez Universal music.
Ses fils en passeurs
Enfin, à l’initiative de ses fils, Alexandre Petrucciani, 28 ans, et son demi-frère Rachid Roperch, 31 ans, le plus grand des petits musiciens sera début 2020 au centre
d’un documentaire dont les premières images seront tournées symboliquement ce dimanche à Paris. « D’Orange à New York en passant par Toulon, nous irons à la découverte du message qu’a laissé notre père à travers sa musique. C’est un vrai encouragement à vivre »,
témoignent-ils. Ou comment « 99 cm de joie de vivre, de passion et de génie », comme le désignent ses proches, continuent à toucher les mélomanes. Sans qu’aucune rue ou salle ne porte toujours son nom à Toulon...