Patrick Partouche : « Le traumatisme commun a généré l’étincelle »
Il est aujourd’hui le président du groupe de casinos fondé par son père, Isidore. Né en juin 1964 près d’Oran, Patrick Partouche a quitté très tôt l’Algérie où son père, concessionnaire d’un magasin Philips, avait tenté de rester après l’indépendance. La famille s’est d’abord installée
au Touquet. « On a été plutôt bien accueillis. On était la seule famille pied-noire du coin. Et Juifs en plus. On nous considérait plutôt avec une curiosité bienveillante ». Son père et ses frères et soeurs créent alors un karting, qu’ils conserveront jusqu’en 1973.
Mais « la première année, ils n’ont pas sorti une seule voiture en juillet-août : il pleuvait tout le temps. Mon père, qui connaissait bien le monde du disque depuis Philips, a alors proposé de faire une discothèque. Ma mère et ses soeurs ont installé des rideaux, elles faisaient à manger, ils mettaient la musique. Et ça a marché ». Au point d’ouvrir un deuxième établissement au Touquet et un autre à Megève. Mais c’est à Saint-Amand-lesEaux que l’empire Partouche – aujourd’hui 42 casinos en France mais aussi Belgique, Suisse et Tunisie, ainsi que des hôtels, spas, centres thermaux... – verra réellement le jour. En 1973, la famille rachète le complexe thermal de la ville, criblé de dettes, mais qui comprend un centre thermal, deux usines d’embouteillage, un hôtel, une discothèque et... un casino. Isidore Partouche fera fructifier le tout. Patrick Partouche, quant à lui, a grandi à Cannes auprès de sa mère avant de rejoindre son père qui, dit-il, lui a tout appris. « Mon père a toujours travaillé avec des Pieds-noirs, et ça a participé
de son succès », analyse Patrick Partouche. « La terre ne m’importe pas » Qui revendique cette fidélité
aux origines. « Je suis pied-noir sans nostalgie, dans la manière de regarder la vie, comme les gens du soleil. C’est la culture de la famille, des amis, des cousins. Et du travail. Celle qui a fait du groupe Partouche ce qu’il est, créé et porté par des gens qui ne comptent pas leurs heures. Je suis très fier de l’aventure familiale », confie-t-il. Il n’est pourtant jamais retourné en Algérie.
« Je suis surtout attaché aux gens et à la culture. La terre ne m’importe pas », explique-t-il. Même s’il ne renie rien de l’aventure singulière des pieds-noirs :
« Être pied-noir, c’est un “mal joli” comme la douleur de la naissance. C’est à la fois l’amour de ces années-là dans ce pays-là et ce traumatisme commun qui a généré l’étincelle qui soude ».