Police aux frontières : une note interne jette le trouble
L’hebdomadaire Politis a révélé l’existence d’une note manuscrite, au poste de Police aux frontières de Menton, semblant attester le renvoi direct de migrants mineurs en Italie
Je ne ferai pas de commentaires sur la question. » Jean-Philippe Nahon, directeur départemental de la Police aux frontières, n’a voulu hier ni confirmer, ni infirmer les révélations de l’hebdomadaire Politis. L’hebdo a accompagné, ce samedi 31 mars, Michèle Rivasi, eurodéputée EELV du Grand SudEst, qui a fait irruption par surprise dans les locaux de la Paf de Menton pour observer les pratiques « d’accueil » des migrants. Au cours de son reportage, la journaliste de Politis est tombée sur une note affichée au mur et qui semble, à première vue, contredire les déclarations officielles selon lesquelles aucun mineur n’est renvoyé manu militari à la frontière.
«Si presse sur place ...»
La journaliste décrit une « pièce annexe » et des documents officiels affichés au mur, notamment des modes d’emploi, des consignes. Elle prend la photo. Sur l’un des papiers, une « Réquisition à transport réacheminement ». La journaliste indique : « La date a été masquée et une note ajoutée au crayon à papier : “Si presse sur place, pas d’embarquement de mineurs dans les trains pour Vintimille ” ». Un point d’exclamation, dessiné à la main à côté, semble indiquer que la consigne est importante. Et la journaliste de s’interroger : « Des mineurs auraient été – ou seraient – donc renvoyés directement de l’autre côté de la frontière, sans même passer par la Paf ? ». Une polémique qui intervient alors que la préfecture des Alpes-Maritimes a déjà été condamnée à plusieurs reprises pour ce genre de pratiques, par le tribunal administratif de Nice. L’ONG Amnesty International avait dénoncé dans un rapport, le 8 février dernier, la présence d’enfants « traités comme des adultes. Bien souvent, ils ne font l’objet d’aucune mesure d’identification pour savoir s’il s’agit d’enfants ou de jeunes majeurs ». Hier (voir ci-contre), l’association Tous citoyens ! en a officiellement appelé à l’intervention du ministre de l’Intérieur sur ce dossier.