Les collégiens rencontrent un résistant
C’est un homme tranquille, mais derrière les yeux rieurs se cache un parcours peu commun durant la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, Guy Ferraris avait huit ans. Cette période étant au programme de troisième, il est venu raconter ce vécu aux élèves du collège J.-B. Rusca, à l’initiative de sa petite-fille Marie et de leur professeur d’histoire, Nicoletta Bianchi. Un moment fort en émotion. Sa maman décède durant le conflit mondial, son papa rejoint la Résistance, il est alors placé par le Secours catholique, loin de sa ville de Nice, dans une famille savoyarde qui le considèrera comme son propre fils.
Un devoir de mémoire
Depuis cette ferme, il accompagnera des rescapés du massacre des Glières, puis des réfractaires au STO et des jeunes voulant rejoindre le maquis, vers le plateau des Saisies. Il évoque ce jour, un des plus marquants pour lui, où un parachutage par les Alliés a eu lieu en plein midi : « Quelques jours avant, des avions étaient venus en reconnaissance et avaient largué des papiers argentés pour connaître l’orientation du vent à cette heure de la journée. » Mais ce qu’il n’oubliera jamais, c’est cet Américain dont le parachute ne s’est pas ouvert et qui s’est « encastré dans le sol ». On ressent toute la tristesse du « petit Guy » lorsqu’il évoque son père qu’il n’a pas vu pendant des années, si longtemps qu’il ne l’a pas reconnu quand il est venu le chercher. L’émotion est à son comble, les yeux s’embuent, pas seulement ceux de M. Ferraris, également ceux de quelques élèves. Certains se remémorent, dans leur propre famille, les histoires de ceux qui ont choisi de ne pas renoncer face à l’ennemi. Dans cette région frontalière, beaucoup sont d’origine italienne, on entend le récit d’une famille qui a recueilli des jeunes refusant de s’engager dans l’armée de Mussolini... Enzo raconte : « Mon arrière-grandpère était un soldat américain de Chicago envoyé en France mais mon grand-père ne l’a pas connu. » Un pan de l’Histoire a pris vie pour les collégiens. Enzo poursuit : « M. Ferraris nous a appris beaucoup de choses à travers sa propre histoire. Nous, les jeunes, on croit qu’on fait des choses extraordinaires, je réalise, face à ce témoignage, que ce n’est le cas. » Le « devoir de mémoire » peut aussi donner lieu à de beaux échanges...