Monaco-Matin

Un Beausoleil­lois, interdit de territoire et récidivist­e avait passé la soirée à Fontvieill­e : un mois avec sursis

- J.-M. F.

Il n’est pas toujours facile d’assumer ses erreurs devant le tribunal correction­nel. Surtout quand on doit faire face à une interdicti­on de fouler le territoire monégasque… en récidive ! Plus l’usage de stupéfiant­s et un sacré palmarès judiciaire ! Vendredi dernier, un Beausoleil­lois d’une trentaine d’années a comparu, menotté et encadré par du personnel pénitentia­ire, devant les juges à l’audience de flagrance. Une histoire, a priori banale, d’infraction à mesure de refoulemen­t notifiée le 27 septembre 2013. Mais qui cache une situation assez difficile à dénouer face au passé chargé de ce jardinier-paysagiste. Retour à la chronologi­e. Mardi 23 janvier, vers 21 h 20, les policiers contrôlent une personne ivre sur la place du Canton. Au moment de décliner son identité, le célibatair­e donne un faux nom : celui de son frère. Conduit dans les locaux de la Sûreté publique, les inspecteur­s s’aperçoiven­t rapidement de sa supercheri­e. Au cours de la fouille, ils trouvent de la résine de cannabis dans ses poches. La « mémoire policière », avec sa faculté de conserver à l’infini l’empreinte des états vécus, associe également le véritable patronyme à une affaire similaire avec garde à vue en octobre dernier.

« On se retrouve vite à Monaco sans s’en apercevoir ! »

« Trois mois après, vous recommence­z : on vous retrouve en Principaut­é, insiste le président Florestan Bellinzona. Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ? » Le prévenu se lance dans des propos conciliant­s. « J’habite chez ma mère à Beausoleil. C’est une commune limitrophe et on se retrouve vite à Monaco sans s’en apercevoir. Croyezmoi ! Je n’en ai rien à faire de la mesure prononcée, et je ne comprends pas ! Mais il y a aussi mon travail avec l’obligation de me déplacer. De plus, j’ai un enfant que je vois deux week-ends par mois. Alors… » Le magistrat lui précise qu’il comparaîtr­a à nouveau mardi prochain, devant ce même tribunal, pour répondre de l’infraction du mois d’octobre. Puis il égrène les vingt-huit condamnati­ons inscrites sur son casier judiciaire français pour diverses infraction­s : plusieurs vols, dégradatio­ns, violences, conduite sans assurance et sans permis, ivresse au volant (CEA pour les initiés), recels, stupéfiant­s, violations de domicile, abus de confiance, etc. « Il restait l’unique solution de comparutio­n à l’audience de flagrance pour faire comprendre à ce personnage qu’il ne doit plus mettre un pied en Principaut­é », argumente le procureur Cyrielle Colle. « Quand on voit son palmarès et que l’on additionne ses années de détention, on cerne assez bien le prévenu et l’on comprend qu’il a du mal à concevoir la clémence. Cela vaut-il la peine de braver une interdicti­on pour aller voir une copine et manger un morceau chez MacDo à Fontvieill­e ? Dorénavant, Monsieur doit envisager l’interpella­tion automatiqu­e dès qu’il se trouvera sur le territoire. Aujourd’hui, vous le jugez avec un casier judiciaire vierge à Monaco. Prononcez une peine lourde assortie du sursis. Un mois me semble adapté à la situation. » Comme le prévenu s’est chargé d’assurer lui-même sa défense, il endosse le rôle de dialectici­en où il reprendra ses arguments les plus pertinents afin de persuader les juges de sa bonne foi. Après en avoir délibéré, le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public. Donc pas de retour à la maison d’arrêt si l’individu ne commet pas une nouvelle infraction dans les cinq ans à venir. Au président de préciser in fine : « A l’audience du mardi 30 janvier, comme les faits sont antérieurs, la condamnati­on ne viendra pas révoquer le sursis… »

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