La mobilisation prend de l’ampleur à Grasse
Ils étaient encore nombreux, hier matin, dès 6 heures, devant la maison d’arrêt de Grasse. Les surveillants pénitentiaires bloquent, depuis une semaine, l’entrée de l’établissement grassois pour faire entendre leurs revendications. « Plus le mouvement avance et plus la mobilisation est forte, constate Hervé Segaud, délégué régional UISP FO Paca Corse. Nous sommes tous solidaires et motivés à ne pas nous laisser faire. » Hier matin encore, la relève de 6 h 45 du personnel de nuit a donc été bloquée et retardée. « Je leur ai accordé une heure, indique Dieudonné Mbeleg, directeur par intérim de la prison de Grasse. Je comprends leurs revendications qui sont légitimes. » Si les revendications demeurent les mêmes, des
événements récents les ont intensifiées. D’un côté, l’agression au couteau de deux surveillants, à la prison
de Borgo, vendredi dernier. De l’autre, les chiffres annoncés par le ministère de la Justice. « 1 100
emplois créés sur quatre ans, ça ne compense même pas les pertes d’effectifs que nous subissons », déplore le délégué régional. « Ce qui se passe est historique, poursuit-il. La dernière fois qu’un long blocage a eu lieu, c’était en 1992, après l’assassinat d’un collègue à Rouen. Cela a entraîné trois semaines de blocage. » La maison d’arrêt grassoise n’a reçu aucune livraison, hier, et aucune extraction judiciaire ou médicale n’a pu être effectuée avant 13 h 30, heure de levée du blocage. Rappelons que la prison de Grasse accueille aujourd’hui 725 détenus (pour 576 places) et les surveillants ne sont que 135 en poste.
Poursuite du blocage aujourd’hui
De passage à la maison d’arrêt, en fin de matinée, hier, Loïc Dombreval, député de la 2e circonscription des Alpes-Maritimes, a insisté sur l’importance de « revaloriser un métier difficile » et la « nécessité de former les agents pénitentiaires ». Une visite qui a touché les surveillants qui ont pu évoquer leur quotidien avec le député qu’ils considèrent comme « un allié ». Sur le plan national, la réunion entre la garde des sceaux, Nicole Belloubet, et les syndicats de personnel pénitentiaire qui s’est déroulée hier en vue de trouver une sortie de crise n’a pu aboutir à un accord. « Les annonces faites sont creuses, qualifie Hervé Segaud. Nous avons besoin de concret et de chiffres » Les négociations doivent se poursuivre aujourd’hui. Tout comme les opérations de blocage des établissements pénitentiaires partout en France. À Grasse, elle débutera à 6 heures.