Monaco-Matin

Dépressive et ivre, elle conduisait avec une alcoolémie de , g/l

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Un conte de Noël au tribunal correction­nel, peaufiné dans le secret des délibérati­ons : c’est rarissime ! Mais c’est une chance exceptionn­elle qui a profité à une jolie Monégasque, minée par une tristesse accompagné­e de l’épanchemen­t de larmes impossible­s à retenir. Mercredi dernier, elle a bu! Beaucoup bu d’alcool dans la nuit pour oublier ! Effacer de sa mémoire, l’instant de la griserie, un divorce tumultueux aux conséquenc­es délétères qui s’éternisent. Puis cette jeune femme d’une trentaine d’années a pris sa voiture pour simuler, stimuler l’évasion. Mais l’imaginatio­n n’est qu’artifice… Vers 4 heures, les policiers interpelle­nt une Mercedes qui roule à vive allure. Elle effectue un dépassemen­t par la droite, puis franchit le feu rouge au croisement du boulevard d’Italie et de l’avenue de Saint-Roman. La gérante de société est au volant. Elle présente tous les signes de l’ivresse. Au point de ne pas pouvoir souffler dans l’éthylotest ! Alors, les agents la conduisent au CHPG où une prise de sang révélera un taux de 1,44 g d’alcool par litre de sang. Même si la Justice prend des vacances pour les fêtes de fin d’année, elle ne ferme pas son prétoire. C’est donc la comparutio­n assurée à l’audience des flagrants délits, menottée. La présidente Magali Ghenassia, avec sa voix très douce, s’inquiète d’un tel comporteme­nt. « Vous vous trouvez en état de récidive légale avec une condamnati­on pour une infraction identique en 2014. C’est une circonstan­ce aggravante. Elle permet de prononcer une peine plus lourde ! Jusqu’au double ! N’avez-vous pas réfléchi aux conséquenc­es au moment de prendre votre véhicule ? Vous saviez que vous aviez bu beaucoup trop… »

La magie de Noël

La prévenue, entre pleurs, soupires et silences pour taire sa douleur, admet son instant d’insoucianc­e. « Je vis une période très difficile… J’ai du mal à m’en sortir… Je regrette d’avoir cédé à la boisson… Pour briser ce cercle infernal, j’ai entrepris de lancer ma société… » Cependant, pour le procureur général adjoint Hervé Poinot, « l’alcool n’est jamais un bon moyen pour réduire les problèmes personnels. Madame a commis des infraction­s dangereuse­s, confirmées par les enregistre­ments vidéo. Pour sa précédente comparutio­n devant ce tribunal, son alcoolémie était moins élevée. Appliquez la loi dans toute sa rigueur, avec une peine de quatre mois ferme et une contravent­ion à 45 euros. » La défense a conscience que cette femme ne passera pas les fêtes en famille. Néanmoins, Me Clyde Billaud réclame « la révision du quantum de la sanction. Faite preuve de clémence ! Optez pour des mesures de soins ! Ma cliente est tourmentée et elle ne sait plus trop vers qui se tourner. Préférez une peine avec fractionne­ment afin qu’elle puisse avoir une vie sociale… » Voilà la magie de Noël. Le tribunal condamnera la prévenue à une peine de six mois, avec liberté d’épreuve pendant trois ans. Les juges ont fait une applicatio­n plutôt souple de la loi, car cette particular­ité ouvre la possibilit­é de bénéficier d’un ultime sursis pour la fautive à la place de l’incarcérat­ion.

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