Castaner prend la tête du parti
Sans surprise, l’ex-socialiste et ex-député des Alpes-de-Haute-Provence a été désigné délégué général de La République en marche, hier matin à Lyon, lors du premier conseil national du mouvement
Le président de la République « jeune et dynamique » devait marquer de son empreinte la première étape destinée à faire de son mouvement, citoyen, un parti pérenne, organisé. C’est donc chose faite avec un Christophe Castaner porté, hier à Lyon lors du conseil national, à la tête du mouvement en qualité de délégué général. Oui car, à La République en marche, on n’élit pas un « Président », on choisit un « délégué général ». De Président il n’y en a un, qui entend d’ailleurs bien rester seul maître du mouvement qu’il a fondé et qui lui a permis d’accéder aux plus hautes responsabilités de l’État. Dans la foulée, les membres du conseil ont adopté la charte des valeurs, et la liste « En marche #AvecCasta ! » a également été choisie à main levée pour former le bureau exécutif.
Manque d’enthousiasme
Voilà pour l’aspect formel dont tout le monde, y compris les députés du Var comme des Alpes-maritimes présents, se félicite. Les référents départementaux également. Cependant, face au brouhaha médiatique qui a accompagné cette élection, stigmatisant le grand écart entre le discours (le fond) et la méthode (la forme), personne n’est naïf : « Il faut bien que le parti s’appuie sur des gens qui ont l’expérience », entend-on dans les couloirs. Et ça, Christophe Castaner n’en manque pas. « Son expérience de terrain, d’élu en Paca, en fait l’homme de la situation», assure en effet le député du Var Fabien Matras. «C’est un homme d’ouverture, capable de fédérer, qui a toute la légitimité pour diriger le mouvement », poursuit Valérie GomezBassac, députée de la 6e circonscription du Var. Propos confortés par la députée Cécile Muschotti : « C’est un travailleur. Il a l’expérience d’un parti au pouvoir, et il a la capacité à mettre le mouvement en marche.» Cependant, au second plan se dessine le simulacre annoncé de cette élection : manque d’enthousiasme flagrant envers le délégué général nouvellement élu, peu d’applaudissements… S’expriment aussi des regrets : « Pourquoi ne pas avoir retenu la proportionnelle pour former le bureau exécutif ? Cela aurait eu le mérite d’être vraiment représentatif. » Des signes qui conforteraient ce « manque de démocratie et de représentativité » dont on accuse le tout jeune parti. Est-il trop « vertical » ? « La verticalité doit fonctionner dans les deux sens, j’ai le sentiment que c’est le cas relève pour sa part le député des Alpes-Maritimes Cédric Roussel. Et avec Christophe Castaner à la tête de notre mouvement, c’est tous les territoires qui seront écoutés, entendus... N’est-ce pas le plus important ? »
Objectif : les municipales
« Il ne faut pas oublier que notre mouvement est celui qui a enregistré le plus d’adhésions en un temps record », ajoute pour sa part le jeune référent départemental des Alpes-Maritimes, Enis Sliti. « Notre fonctionnement offre beaucoup de libertés, nous sommes en prise directe avec nos adhérents...» Des adhérents et militants qu’il faudra conforter dans leur rôle et leur mission, base là aussi, de la structuration du parti. C’est aussi l’essence de ce premier conseil national : derrière la structuration d’aujourd’hui doit se mettre en place l’organisation du territoire de demain, les moyens financiers alloués, etc. Alors, sur fond de crise d’identité, de marcheurs frondeurs et d’omniprésidence, le désormais ex porteparole du gouvernement Christophe Castaner devra jouer de son image et de son expérience pour convaincre de la pertinence du projet. Objectif non dissimulé: les échéances électorales de demain. « Castaner incarne l’ouverture et la crédibilité de l’action gouvernementale qui va nous permettre de rallier des gens que nous n’aurions pas pu imaginer convaincre avant», résume en ce sens la députée du Var, Sereine Mauborgne. « Votre mouvement est en marche, rien ne l’arrêtera, a pour sa part, salué le premier ministre Édouard Philippe devant la famille qu’il s’est “choisi”. Il illustre notre capacité à faire cohabiter des personnes dont les différences politiques sont réelles et assumées (...) aux côtés du président de la République, le chef d’orchestre de ce gouvernement et de cette majorité ». C’est qui le patron ?