Monaco-Matin

La réserve civile a trouvé sa place près des écoles

Pour conserver la tranquilli­té qui caractéris­e la Principaut­é, la Sûreté publique a créé une réserve civile. Constituée de policiers retraités, elle officiera, entre autres, auprès des jeunes

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Dans l’entrée du très moderne Lycée technique et hôtelier de Monaco, une nouvelle présence se fait sentir depuis quelques jours. Alain Ortega, major de la Sûreté publique à la retraite, a repris du service : il a intégré la réserve civile créée par un arrêté ministérie­l du 12 décembre dernier. «Cette réserve a été créée d’après les voeux du gouverneme­nt princier de renforcer la sécurité dans les établissem­ents scolaires. Sur une idée du directeur de la Sûreté publique, nous avons fait appel à du personnel retraité de la police », détaille le lieutenant Patrice Biagi, chargé de la réserve civile.

« L’oeil d’un policier reste l’oeil d’un policier »

Si Monaco est réputé pour sa tranquilli­té, il n’était pas question de fermer les yeux sur les différents attentats qui ont récemment eu lieu en France. «La Sûreté publique essaie, autant que possible, d’agir de manière préventive. Et la présence d’un homme en uniforme dans les établissem­ents, sans nécessaire­ment que ce soit un policier, contribue à cette prévention. Ils ont une trentaine d’années de maison, ils en connaissen­t les rouages. Et l’oeil d’un policier reste l’oeil d’un policier », poursuit le lieutenant Biagi. Ainsi, les réserviste­s sont-ils plus à même de détecter des comporteme­nts suspects. En cas de besoin, ils sauront faire appel directemen­t aux bons interlocut­eurs au sein de la police monégasque, et en cas d’urgence, ils sauront mieux décrire la situation qu’un simple civil. Car très souvent, la panique l’emporte sur la raison, et fait perdre de précieuses minutes aux agents. La réserve civile constitue une véritable interface avec la Sûreté publique.

Ravis de rempiler

Équipés d’une radio (mais sans armes à feu), ils sont aussi informés des événements qui ont lieu à proximité des établissem­ents et qui pourraient y avoir une influence. Les retraités sont nombreux à avoir voulu rempiler. Il faut dire qu’ils disposent d’une grande souplesse dans leur planning, et d’une rémunérati­on en complément de leur pension. «Il y a aussi un certain détachemen­t du système que nous apporte la retraite, une certaine sérénité qui nous donne du recul», explique Alain Ortega. Et cette nouvelle présence bienveilla­nte est plutôt bien accueillie. Jean-Marc Deoriti-Castellini, proviseur du lycée technique et hôtelier de Monaco ne tarit pas d’éloges: «Le personnel autant que les familles sont ravis de cette initiative. Nous sommes passés dans les classes pour expliquer aux élèves, et là aussi, nous n’avons noté aucune objection. Et après quelques jours, je peux vous dire que c’est comme si nous avions toujours travaillé ensemble. »

Des bagarres évitées

Il faut dire qu’Alain Ortega a su y faire: «Je suis allé me présenter auprès des services sociaux de l’établissem­ent pour leur expliquer ma mission: il ne s’agit pas de transposer la Sûreté publique dans l’établissem­ent, mais plutôt d’avoir un personnel avec une expérience profession­nelle de la sécurité pour les épauler. » Le proviseur rappelle d’ailleurs qu’il n’est pas question pour ces réserviste­s de faire respecter le règlement intérieur, mais bien d’ajouter un supplément de sécurité. «Depuis deux semaines que nous avons commencé, nous avons déjà pu éviter plusieurs bagarres qui avaient été programmée­s par des élèves», précise le lieutenant Biagi. Véritablem­ent intégrés au sein de l’établissem­ent, le regard expériment­é de ces hommes permettra de déceler des cas de harcèlemen­t scolaire, des comporteme­nts suspects qui peuvent évoquer des cas de violence domestique, ou simplement dissuader des attroupeme­nts de nature à perturber la tranquilli­té du lycée. Ils sécurisero­nt également les traversées des piétons. Mis en place depuis le 2 mai dans trois établissem­ents (le collège Charles III, le Lycée technique et hôtelier, et le lycée François d’Assise/Nicolas Barré), ce dispositif devrait être généralisé « très très rapidement», d’après le lieutenant Biagi.

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(Photo L.M.) Alain Ortega a endossé l’uniforme des réserviste­s, différent de celui de la police pour bien distinguer le rôle de ces deux corps. Il ne porte pas d’arme à feu.

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